Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique


Les Flamands revendiquent l’unilinguisme en Flandre

 

Affiche du Conseil de Flandre
Affiche du Conseil de Flandre proclamant l'indépendance de la Flandre  

Source : Wikipedia

Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, différentes questions importantes restaient encore à régler mais, dans l’ensemble, la législation en place donnait satisfaction aux populations flamandes.

Les années sombres de la Première Guerre mondiale

Profitant de l’occupation militaire prolongée de la Belgique et de la démoralisation que cette situation avait provoquée chez certains, les Allemands créèrent de toute pièce un Etat flamand, aidés en cela par une bande de personnages sans mandats parmi lesquels l’ennemi distribua les grades et les fonctions officielles de cet Etat. Plusieurs dirigeants du "Conseil de Flandre" étaient des flamingants exaltés qui n’hésitèrent pas à justifier leur trahison en prétendant qu’il fallait profiter des événements pour accomplir « le grand idéal flamand ». Ces activistes n'étaient qu'une minorité, désapprouvée par la masse de l'opinion flamande.

Heureusement, après la guerre, le Mouvement flamand retrouva son équilibre et bénéficia de l’impulsion du courant démocratique en vogue dans toute l’Europe.

Le suffrage universel et ses conséquences

L’instauration du suffrage universel pur et simple à 21 ans modifia profondément les conditions de la lutte électorale en Belgique et ne fit qu’augmenter la faveur dont l’opinion entourait toute politique qui se réclamait d’un idéal démocratique.

Les chefs du mouvement flamand devinrent en même temps les leaders des fractions démocratiques des partis politiques traditionnels, surtout du parti catholique. L’œuvre de flamandisation légale se poursuivit par le vote de quelques nouvelles lois et par le renforcement des lois existantes :

  • La loi du 31 juillet 1921 avait créé l’obligation, pour les ministères, d’échanger avec les pouvoirs locaux les communications d’ordre public dans la langue de la région
  • La loi du 31 juillet 1923 avait laissé aux étudiants de l’Université de Gand, dédoublée, la latitude de suivre 1/3 des cours, soit en langue française, soit en langue flamande.

Vers l’unilinguisme en Flandre

Vers 1930, la question flamande revint au premier plan. Longtemps, la Belgique était restée fidèle au bilinguisme instauré au 19e siècle qu'elle avait approfondi par de nouvelles lois.

Jules Renkin
Jules Renkin

Source : La Belgique centenaire, p. 209

Mais, d’année en année, les Flamands évoluaient vers l’unilinguisme, formule fatale aux Flamands francophones, énergiquement combattue par l’élément bruxellois mais appuyée avec enthousiasme par les Wallons.

Sous l’effet de cette impulsion devenue irrésistible, la loi du 5 avril 1930 flamandisa intégralement l’Université de Gand.

En 1932, le Cabinet catholique-libéral Renkin fit voter 4 lois importantes destinées à empêcher le pays d’évoluer vers le fédéralisme :

  • Une loi administrative institua des services séparés, français et flamands, dans les divers ministères (28 juin 1932)
  • Une loi sur l’enseignement primaire mit fin à l’ancienne liberté du père de famille. Au nom du principe « langue régionale – langue scolaire », le père fut obligé de faire donner l’instruction à ses enfants dans la langue de la région qu’ils habitaient, quelle que soit leur langue maternelle. L’agglomération bruxelloise et les zones de frontière linguistique continuèrent à bénéficier du principe « langue maternelle – langue scolaire » (14 juillet 1932)
  • Une loi sur l’enseignement moyen, fut basée sur les mêmes principes (14 juillet 1932)
  • Le bilinguisme fut imposé dans chaque commune de l’agglomération bruxelloise lorsqu’il existait une minorité linguistique d’au moins 30% révélée par des recensements décennaux.

Une loi sur l’emploi des langues en justice, du 22 juin 1935, assurera le droit complet, en faveur de tout délinquant, d’être entendu et jugé dans sa langue maternelle. Dans le domaine militaire, l’unilinguisme sera appliqué en 1938 : à l’armée, il y aura désormais des unités flamandes et des unités francophones.

Ainsi sont créées 2 régions unilingues de part et d’autre d’une frontière linguistique susceptible d’être révisée. Seule Bruxelles, de plus en plus francisée, reste bilingue.

L’autonomie culturelle

Les Flamands poursuivirent leurs revendications et réclamaient maintenant :

  • Des Académies flamandes (elles furent inaugurées le 21 janvier 1939)
  • Des Conseils culturels flamand et français au ministère de l’Instruction publique
  • Des divisions entières unilingues à l’armée
  • Une Ecole militaire flamande
  • Une Ecole coloniale flamande

Pour le pays flamand autant que pour le pays wallon, l’autonomie culturelle s’entendait donc dans le sens le plus étendu, tout en restant solidement fixée dans le cadre de la patrie belge.

Flamands et Wallons