Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les comtes de Hainaut


Il n’entre pas dans nos intentions de relater ici les faits et gestes de tous les comtes de Hainaut qui se sont succédé, d’une part parce que cela pourrait sembler fastidieux à la majorité des visiteurs et, d’autre part, parce que cela nuirait à la clarté du texte. Nous avons toutefois voulu donner l’opportunité, à ceux d’entre vous qui seraient désireux d’accéder à ce genre d’information, de consulter une page spéciale reprenant, sous forme de tableau récapitulatif, les données relatives à chacun des dynastes hennuyers. Intéressé ? Alors cliquez sur Les Comtes de Hainaut. Par ailleurs, si vous souhaitez situer plus aisément tous les acteurs impliqués dans le parcours mouvementé du comté, ne manquez pas de consulter la généalogie des comtes de Hainaut.

Ceci étant clarifié, nous allons donc nous borner à mettre en exergue les comtes ayant marqué de leur empreinte l’histoire de ce comté.


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Nous avons trouvé peu d’informations sur les premiers comtes de Hainaut. Il semblerait qu’Enguerrand 1er ait succédé à un comte lotharingien mis en place par Lothaire lui-même. Enguerrand aurait été désigné par Charles le Chauve alors que celui-ci venait d’annexer brièvement la Lotharingie.

Enlèvement de l'élue de son coeur
Enlèvement de l’élue de son coeur

Mis à part un intermède d’une quarantaine d’années, le comté de Hainaut évolue, dans un premier temps, sous la souveraineté de la famille des Régnier, batailleuse et très décidée à profiter des circonstances pour accroître sa puissance.

Régnier 1er au Long Col est le petit-fils de Lothaire 1er. Il succède à son père en tant que comte de Maasgau (territoire carolingien situé à l’Ouest de la Meuse). Nous l’avons vu à propos du comté de Flandre, les seigneurs de l’époque sont intrépides et n’hésitent pas à enlever l’élue de leur cœur au nez et à la barbe d’un père récalcitrant. Les parents de Régnier se sont prêtés à ce petit jeu : en 846, Gislebert enlève et épouse Ermengarde, fille de Lothaire 1er. Celui-ci boudera dans son coin jusqu’en 849 avant de reconnaître le mariage !

Le comté de Régnier n’est pas très grand ; il est limité :

  • Au Nord par la Haine,
  • A l’Ouest par l’Escaut
  • Au sud par la ligne de partage des eaux.
  • A l’Est, il s’arrêtait aux portes de Binche.

On y trouve 2 abbayes mais pas de villes car Mons n’est encore qu’une bourgade.

Régnier au Long Col intervient également dans la gestion de la Lotharingie puisque, sous le règne du roi Zwentibold il sera Premier Conseiller. En 898, il tombe en disgrâce et, quoique ses bénéfices lui soient retirés, il refuse de les rendre. Il s’associe à une révolte de nobles lotharingiens au cours de laquelle Zwentibold est tué en 900.

A partir de 911, sous le règne de Charles III le Simple, il exercera le pouvoir militaire en Lotharingie et demeurera, jusqu’à sa mort en 915, le véritable maître des territoires de la Lotharingie situés entre l’Escaut et la Meuse.

Il légua son pouvoir à son fils Gislebert auquel, en 925, le roi de Germanie, Henri 1er, donna le titre de duc de Lotharingie. A sa mort, la puissance des « domini terrae » de Lotharingie fut temporairement éliminée.

Après cette parenthèse, revenons au comté de Hainaut et passons au 11e siècle où, Richilde, fille de Régnier V et veuve d’Herman de Mons, épouse en secondes noces un certain Baudouin VI de Flandre qui règnera, sous le nom de Baudouin 1er, conjointement sur la Flandre et sur le Hainaut pendant 19 ans (1051-1070). A sa mort, ses fils Arnould, dit le Malheureux, et Baudouin II de Jérusalem ne pourront empêcher leur oncle, Robert le Frison, de reprendre le contrôle de la Flandre.

L’union des 2 comtés fut donc bien éphémère ! Il faudra ensuite attendra encore un siècle pour que l’opération se répète à la faveur du mariage de Marguerite d’Alsace et de Baudouin V de Hainaut pour une durée beaucoup plus longue puisqu’elle s’étendra sur près de 100 ans.

Zwentibold Richilde Baudouin de Constantinople
Zwentibold Richilde 
Source : Wikipedia
Baudouin de Constantinople 
Source : Nos Gloires – J-L Huens


Leur fils, Baudouin VI, dit de Constantinople, comte de Flandre et de Hainaut, s’embarqua à Venise pour la 4e Croisade mais fit un crochet par Constantinople pour porter assistance à l’empereur détrôné par un usurpateur. Après 8 jours de siège, les Croisés purent s’emparer de la ville et choisirent Baudouin VI comme Empereur Latin de Constantinople en 1204. Il fut tué l’année suivante (1205) au cours de la guerre qu’il menait contre les Bulgares.

A la mort de leur père, les filles de Baudouin VI n’étaient encore que de très jeunes enfants :

  • Jeanne avait 5 ans
  • Marguerite avait 3 ans.

Aussi, Philippe-Auguste, toujours avide de contrôler le comté de Flandre, obtint de leur oncle tuteur, de les faire venir à Paris pour qu’elles soient élevées dans un esprit conforme à ses desseins. Avant d’autoriser Jeanne à régner, il lui fait épouser, en 1212, le prince Ferrand de Portugal qu’il croyait sans volonté ; il s’apprêtait ainsi à mener à sa guise une enfant et un étranger. Les choses ne furent cependant pas aussi simples car Ferrand se comporta en prince responsable de son Etat et donnera du fil à retordre à Philippe-Auguste.

Jeanne de Constantinople Marguerite de Constantinople
Jeanne Marguerite  
Source : Nos Gloires – J-L Huens


Marguerite de Constantinople
 hérita du comté à la mort de sa sœur Jeanne. Lorsqu’elle était à peine âgée de 10 ans, elle avait été confiée à Bouchard d’Avesnes, un quadragénaire qu’elle avait épousé en 1212 et dont elle avait eu 2 enfants. Or Bouchard appartenait au clan anglais et gênait donc Philippe-Auguste. Prétextant le début de vocation ecclésiastique de Bouchard, le roi de France fit annuler le mariage par le pape et Marguerite épousa en secondes noces Guillaume de Dampierre dont elle aura plusieurs enfants. Le parcours matrimonial de Marguerite eut d’importantes conséquences car il généra une lutte entre les enfants issus du premier lit et ceux du second. Cette querelle entre les Avesnes et les Dampierre trouva son épilogue suite aux bons offices de Saint-Louis (Louis IX de France) qui mit également fin au grand comté Flandre-Hainaut :

  • Le Hainaut alla aux Avesnes
  • La Flandre fut attribuée aux Dampierre

La destinée du Hainaut se retrouve donc dans les mains de la Maison d’Avesnes et ce pour une petite centaine d’années.

Si le Hainaut se trouve séparé de la Flandre, il pourra bientôt s’enorgueillir d’une nouvelle acquisition par héritage. En effet, en 1299, Jean 1er d’Avesnes recueillit, en tant que plus proche parent de Jean 1er de Hollande, les comtés de Hollande, de Zélande et la seigneurie de Frise. Il s’élevait ainsi au premier rang des princes du Lothier et put joindre, à sa vieille haine contre les Dampierre, le désir de rivaliser, sur les terrains politique et économique, avec la Flandre d’un côté, et le Brabant-Limbourg, de l’autre.

Acquisitions hennuyères par héritage
Acquisition par héritage

Source : Nos Gloires, J-L Huens

En 1302, il conclut à cet effet une alliance avec Philippe le Bel, roi de France. Il prit part à la campagne vigoureuse entamée en Zélande par les Flamands en 1303. Après avoir réussi à s’emparer de la plus grande partie de la Hollande, les Flamands subirent une cuisante défaite à Delft et leur flotte fut détruite à Zierikzee en 1304. Pendant 19 ans, les adversaires continueront à s’observer avant d’aboutir, en 1323, à une paix durable.

Les comtes de Hainaut-Hollande-Zélande, libérés de leur alliance avec le roi de France, vont se rapprocher de l’Angleterre ; Edouard III épousera même Philippa, la fille de Guillaume 1er.

Les années passèrent et en 1345, Marguerite II s’apprête à succéder à Guillaume II. Elle a épousé Louis IV de Bavière et ouvre ainsi l’ère de la Maison de Bavière. Mais une bisbrouille l’oppose à son fils Guillaume III qui prétend, lui aussi, être l’héritier de Guillaume II. C’est Edouard III qui jouera cette fois-ci le monsieur bons offices et, en 1351 :

  • Guillaume obtient la Hollande et la Zélande
  • Marguerite garde le Hainaut

A la mort de Marguerite en 1356, Guillaume récupérera le Hainaut. Son règne sur ce grand territoire ne durera pas plus de 2 ans. Frappé de démence et interné, son frère Albert prend la régence avant de lui succéder en titre.

Albert 1er aura fort à faire pour calmer les troubles qui reprennent en Hollande et auxquels s’ajoute l’invasion des troupes flamandes de Louis de Maele. Les villes s’opposeront à la levée d’une armée et Louis sera contraint de signer une paix très désavantageuse.

Marguerite II Jacqueline de Bavière
Marguerite II Jacqueline de Bavière  
Source : Nos Gloires – J-L Huens


Le fils d’Albert 1erGuillaume IV de Bavière, épouse Marguerite de Bourgogne, fille de Philippe le Hardi et de Marguerite de Maele. Leur fille, Jacqueline de Bavière, sera contrainte de remettre peu à peu le Hainaut et ses autres possessions entre les mains de son cousin Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Ainsi réunis aux autres possessions bourguignonnes du Nord, ces territoires formeront les Pays-Bas.

Comté de Hainaut du 9e au 14e siècle