La “guerre” continue au 20e siècle !
La loi scolaire de 1914
Pendant les années 1913-1914, les Gauches eurent la satisfaction morale de voir réaliser par le parti adverse des points essentiels de leur programme parmi lequel figurait l’instruction obligatoire et gratuite.
La cinquième loi scolaire sur l’enseignement primaire du 19 mai 1914 porta le temps de scolarité à 14 ans et créa dans la foulée le quatrième degré.
Voici, à titre d’information, l’évolution du taux d’instruction entre 1843 et 1914
Année | Ne sachant ni lire ni écrire | Sachant lire et écrire |
---|---|---|
1843 |
50,85% |
49,15% |
1860 |
39,41% |
60,59% |
1880 |
21,66% |
78,34% |
1900 |
12,01% |
87,99% |
1910 |
8,98% |
91,02% |
1914 |
7,77% |
92,23% |
Etablissant le principe de l’égalité entre l’enseignement public et privé, le gouvernement prit sur lui la charge des subsides aux écoles libres. Il fut entendu que le personnel des écoles subsidiées serait diplômé et que leurs programmes seraient soumis au contrôle de l’Etat.
Les lois Harmel
Après la Deuxième Guerre mondiale et la “Question royale”, le problème scolaire resurgit.
Entre 1950 et 1954, le PSC (parti catholique) est seul au pouvoir et ambitionne de prévoir des crédits pour subventionner l’enseignement moyen libre. Il estime en effet que les enfants doivent avoir la possibilité de suivre un enseignement qui correspond aux convictions religieuses de leurs parents sans que ceux-ci ne soient astreints à des sacrifices pécuniaires.
Pierre Harmel, alors ministre de l’Instruction publique, fait voter en décembre 1952 une série de lois qui prévoient, entre autres :
- Le versement, à l’enseignement libre, d’un subside de 8.000 francs par élève
- L’égalisation du minerval dans les 2 réseaux.
L’opposition réagit fortement car le soutien financier accordé ne peut se justifier puisque les écoles officielles accueillent les croyants et les non-croyants.
Aux élections de 1954, le PSC perd sa majorité et est rejeté dans l’opposition.
Pierre Harmel
Source : 150 ans de vie politique, p. 66
La Loi Collard
Les élections de 1954 redonnent la majorité aux socialistes et aux libéraux.
Malgré les problèmes financiers aigus de l’enseignement libre, le nouveau ministre de l’instruction publique, le socialiste Léo Collard :
- Bloque les subsides au budget et pratique des coupes sombres dans les subventions accordées par l’Etat à l’enseignement catholique.
- Licencie un grand nombre de professeurs intérimaires catholiques.
Cette « Loi Collard » de 1955 déclenche une nouvelle « guerre scolaire ».
Les sociaux-chrétiens, épaulés par les évêques, constituent un « Comité pour la défense des libertés démocratiques » et, dans la foulée, organisent :
- Des grèves dans les écoles
- Des manifestations de masse dans les rues du pays. Bruxelles est littéralement placée en état de siège !
Léo Collard Histoire illustrée de la Belgique, p. 146 |
Manifestation contre la loi Collard 150 ans de vie politique, p. 67 |
Les socialistes perdent les élections de 1958.