Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les voies de communication


Léopold 1er, Charles Rogier et Jean-Baptiste Nothomb, ministre des travaux Publics, estimèrent opportun d’améliorer les voies de communication du pays.

Les voies ferrées

En 1834, Charles Rogier, à ce moment ministre de l’Intérieur, défendit un projet de loi visant à la création d’un réseau ferré ayant Malines pour centre. Rogier, enthousiasmé par la locomotive de George Stephenson, dut cependant vaincre une violente opposition de la part des adversaires du « remorqueur », comme on disait alors. Leurs arguments ne manquaient pas :

  • Les voies ferrées ruineraient le pays en général, les maîtres de poste, les cochers et les marchands de chevaux en particulier
  • Quel gaspillage de terrain fertile !
  • Les mines de fer seraient bientôt épuisées par des commandes de rails
  • La santé de la population serait mise en danger
  • Le remorqueur mettrait le feu aux récoltes, affolerait le bétail et asphyxierait les petits oiseaux !
  • La tranquillité publique serait troublée

George Stephenson Locomotive de Stephenson
George Stephenson  
Source : Wikipedia
La locomotive de Stephenson (1825)  


Accusé d’être un illuminé, voulant créer par ambition personnelle une « voie rogierienne », Charles Rogier fit face à toutes les attaques. Dépassant le point de vue économique, il voulait également prouver à l’Europe que la Belgique était un Etat progressif, épris d’œuvres de paix et susceptible de créer de très grandes choses.

L’Etat fit donc construire la première voie ferrée du pays et le 5 mai 1835, les 3 premiers petits trains belges s’élancèrent à toute vapeur sous les acclamations du public.

Inauguration de la première ligne ferrée
Inauguration de la première ligne ferrée

Source : Bruxelles, où est le temps, p. 47

En fait, la loi du 1er mai 1834, n’envisageait pas seulement la création d’une ligne unique mais bien la constitution d’un réseau de base ayant Malines comme pivot et comprenant 4 axes :

  • Vers la frontière prussienne par Louvain et Liège
  • Vers le Sud et la France par Bruxelles
  • Vers Ostende par Gand
  • Vers le Nord, avec Anvers comme point d’aboutissement dans l’immédiat.

Les travaux se poursuivent activement de sorte qu’à la fin de l’année 1843 :

  • Le réseau de base de 559 km est en place
  • Le chemin de fer dessert presque toutes les grandes villes du pays et tous les centres industriels
  • Le transport des voyageurs est assuré par 143 locomotives et 740 wagons.
Réseau ferroviaire entre 1835 et 1848
Le réseau ferroviaire entre 1835 et 1848

Source : Histoire de Belgique en mots et en images, p. 61

Sous le règne de Léopold II, protecteur par excellence du développement économique, le réseau ferré fut virtuellement achevé en 1875. Exploité initialement par diverses compagnies privées, il devint, par des rachats successifs, la propriété quasi exclusive de l’Etat en 1900.

Simultanément, des tramways vicinaux (système de chemins de fer secondaires organisé depuis 1883) commencèrent à étendre leurs ramifications jusqu’aux bourgs les plus reculés.

L’extension des villes et des bourgs en direction des nouvelles gares, les transports rapides et à bon marché, bouleversèrent ainsi les conditions de la vie économique et sociale.

Un des premiers trams de Charleroi Ticket de tram
Un des premiers trams de Charleroi  
La Wallonie, son histoire
Tram – Titre de transport 


En 1913, la Belgique possédait :

  • 4.646 km de voies ferrées
  • 2.250 km de lignes vicinales

Après la Première Guerre mondiale, l’ampleur des dégâts s’avéra très importante :

  • 3.650 km de voies ferrées et de lignes vicinales étaient détruites
  • Sur les 4.543 locomotives en service en 1914, seules 181 subsistaient quoique fortement délabrées
  • Plus de 1.400 ouvrages d’art étaient inutilisables

Les Belges se remirent courageusement au travail de sorte qu’à la fin de l’année 1919, la circulation sur le réseau ferré était virtuellement rétablie et celle sur les voies vicinales le fut en 1921.

A partir de 1935, les chemins de fer entamèrent un plan d’électrification des lignes.

Les ports et la navigation intérieure

Mais l’Etat se souciait également de développer les ports du pays :

  • A Gand, les travaux d’agrandissement du canal de Terneuzen avaient été achevés en 1911
  • Les travaux de Bruxelles port de mer avaient été mis en adjudication en 1900
  • En 1907 avait eu lieu l’inauguration des ports de Bruges et de Zeebrugge
  • Ostende avait largement étendu ses installations maritimes en 1905 et, grâce à ses « malles » rapides, restait le port de prédilection des Anglais se rendant sur le continent

Fidèle à ses traditions, Anvers était redevenue l’orgueil de la Belgique. Située au bord d’un fleuve assez profond pour porter de grands navires jusqu’à ses débarcadères, elle était, comme au 16e siècle, l’étape du monde civilisé. Toutes les routes naturelles du continent aboutissaient à ses quais :

  • En 1853, le bourgmestre Loos fait creuser les bassins du Kattendijk
  • 10 ans plus tard, Frère-Orban, aidé par Lambermont, secrétaire général au département des Affaires Etrangères, obtint du gouvernement hollandais le rachat du péage sur l’Escaut (1,5 florin par tonne) pour la somme de 36.000.000 de francs.

La malle Ostende-Douvres en 1895 Signature du rachat du péage de l’Escaut
La malle Ostende-Douvres en 1895 Signature du rachat du péage de l’Escaut (1863)


Léopold II suivait attentivement les discussions relatives à l’extension des installations maritimes dont les travaux étaient en pleine voie d’exécution.

Dans l’entre-deux-guerres, les pouvoirs publics vont à nouveau consacrer tous leurs efforts à l’amélioration des voies de communication et des ports :

  • La transformation du canal de Charleroi en voie à grande section allait permettre une liaison commode d’Anvers avec les bassins industriels du Hainaut, de Sambre-et-Meuse, du Nord et de l’Est de la France.
  • Le 31 mai 1930, le Roi Albert 1er inaugura les travaux du canal Albert. Cette voie unit à Anvers les régions industrielles et houillères du pays de Liège et de la Campine sans passer par l’enclave hollandaise de Maastricht.
  • L’amélioration du cours de la Meuse, à Liège, fut couronnée par une Exposition de l’Eau en 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale
  • Le port de Bruxelles fut inauguré en 1922
  • Le port de Gand fut achevé en 1930
  • L’élargissement du canal de Gand-Terneuzen transforma les régions riveraines jusqu’à la frontière hollandaise en un grand avant-port industriel.

Le port Anvers, quant à lui, possédait déjà :

  • Un port en rivière long de 5 km
  • Un port intérieur de 22 km
  • 16 grands bassins maritimes
  • 7 cales sèches
Ecluse du Kruisschans
L’écluse du Kruisschans à Anvers

Source : La patrie belge.1830-1930, p. 476

L’ouverture de l’écluse du Kruisschans en 1928 va permettre de relier à la mer 600 hectares de bassins intérieurs, pourvus de 47 km de quais. A partir de cette date, le port devint accessible à :

  • 11.300 navires
  • Auxquels il faut encore ajouter 50.000 chalands

Le double tunnel sous l’Escaut fut inauguré en 1933.

Complétant les plans réalisés par l’ouverture de l’écluse du « Kruisschans » en 1928, la nouvelle écluse Baudouin, longue de 350 m et large de 45 m, va une fois de plus modifier la physionomie grandiose du port d’Anvers.

Par ailleurs, les travaux d’agrandissement des ports de Gand, d’Ostende, de Zeebrugge et de Bruxelles, n’ont pas seulement eu pour objet l’établissement de bassins industriels pourvus d’un outillage moderne, ils visaient aussi à créer des contacts de plus en plus fréquents entre la navigation de haute mer et la batellerie.

En 1953, un vaste plan de transformation des multiples canaux en « voie à grande section » envisageait :

  • l’allongement des biefs sans écluses
  • l’équipement électromécanique des ponts surélevés
  • l’aménagement de nombreux bassins

L’objectif du plan était de faire passer des bateaux de 2.000 tonnes là où ne voguaient jadis que des péniches.

De plus, d’importants investissements publics étaient consacrés à la Flandre, notamment aux infrastructures portuaires :

  • Anvers fut doté d’un port pétrolier
  • La modernisation de toutes les installations portuaires d’Anvers fut poursuivie

Les routes

Jusqu’au milieu du 19e siècle, la diligence restait le moyen de transport public le plus courant. Progressivement, le tramway vicinal va prendre le relais avant d’être remplacé petit à petit par « l’automobile ».

Dernière diligence et première automobile
La première automobile remplace la dernière diligence

Source : 150 ans de vie quotidienne, p. 59

L’Etat dut dès lors rénover le réseau routier existant :

  • Elargir les chaussées
  • Rectifier leur tracé
  • Les recouvrir d’un revêtement capable de résister aux automobiles.

En 1948, un vaste plan décennal prévovoyait :

  • L’achèvement ou la construction de nouvelles autoroutes
  • La suppression des passages à niveau
  • Le contournement des centres habités.
Avion de la Sabena dans les années 1930
Avion de la Sabena dans les années 1930

La navigation aérienne

Depuis 1923, la Sabena (Société Anonyme Belge d’Exploitation de la Navigation Aérienne) assumait la tâche :

  • Du transport postal
  • Ensuite, de celui des marchandises
  • Et enfin, des passagers.

Des lignes furent successivement mises en exploitation pour rattacher la Belgique aux capitales européennes et aux autres continents.

A partir de 1953, les hélicoptères se chargèrent, à leur tour, du transport postal.

Essor économique de la Belgique