Organisation sociale et vie quotidienne

La société gallo-romaine se caractérise par l’inégalité de ses classes sociales. On y trouve :

• Les descendants de l’aristocratie terrienne de la Gaule. Ils restent propriétaires des villae et exercent les plus hautes charges administratives de l’Empire
• Une classe moyenne importante formée par les artisans, les ouvriers, des commerçants et des officiers de l’armée romaine
• Une troisième classe, celle des paysans libres, locataires ou petits propriétaires, dédiée au travail de la terre
• Une classe servile qui occupe le bas de l’échelle sociale. Au fil du temps, la raréfaction de la main d’œuvre servile en agriculture va amener les propriétaires gallo-romains à concéder une terre à certains de leurs esclaves, leur donnant ainsi le statut d’affranchis.

Une nouvelle classe : les colons

A partir du 3^e siècle, les grands propriétaires fonciers étaient quelque peu embarrassés par le problème de la main d’œuvre :

• d’une part, l’argent se faisait de plus en plus rare
• d’autre part, le christianisme n’approuvait pas l’esclavage.

En même temps, la situation des petits propriétaires ruraux était devenue intenable. Ecrasés d’impôts, beaucoup se virent contraints de renoncer à leurs droits de propriété au profit des grands propriétaires fonciers et de se placer sous leur dépendance. Ceux-ci furent heureux de pouvoir transformer leurs clients pauvres en colons.

Les colons jouissaient de l’avantage d’un bail perpétuel : personne ne pouvait les chasser de leur petite terre, mais :

• Ils étaient astreints au paiement d’un cens en produits du sol et de l’élevage
• Ils étaient soumis aux corvées (travaux champêtres au profit du patron)

Beaucoup de soldats germaniques prisonniers seront également transformés en colons.

La vie des Gallo-Romains au jour le jour

La romanisation des populations se fit progressivement en commençant par les classes supérieures. Par ailleurs, l’ouverture des premières écoles ainsi que l’arrivée d’immigrants romains (vétérans des légions, colons italiques, …) désireux de s’installer dans les cités gauloises, ont favorisé l’assimilation culturelle.

Progressivement, les Gaulois adoptent le latin véhiculé par les soldats, les fonctionnaires et les marchands. Toutefois, la langue latine subira insensiblement des altérations engendrées par les difficultés de prononciation rencontrées par les anciennes populations celtes, ce qui donnera naissance aux dialectes et langues romanes, dont le français (voir à ce sujet : Du latin au français – Comment les mots se sont-ils transformés ?).

Il ne faut cependant pas perdre de vue que la colonisation romaine ne parvint pas à pénétrer partout avec la même intensité. En effet, l’occupant fut bien plus attiré par les régions limoneuses que par les terres sablonneuses. Ceci explique pourquoi les postes furent plus nombreux et les routes mieux entretenues au Sud qu’au Nord, et pourquoi on y parla un latin plus correct.

Reculant pas à pas devant les lois de Rome, les coutumes celtiques finirent par disparaître. Est-ce à dire que les Gaulois ne laisseront pas la moindre empreinte de leur mode de vie passé ? Non, bien sûr ! Ils sauront eux-aussi se faire envier … dans le domaine de la mode ! Les grands manteaux à capuchon qui les enveloppent pendant les hivers rigoureux sont si confortables et si élégants que les snobs de Rome en commandent en grandes quantités et en admirent les larges raies multicolores.

Et l’habitat ?

En Belgique, la civilisation gallo-romaine est essentiellement rurale. Les villes sont peu nombreuses et peu étendues.

A tout seigneur … les villae

Le mode d’exploitation de la terre s’articule autour des « villae ». La villa romaine rurale est une sorte de ferme château appartenant à un grand propriétaire foncier ; elle est construite en pierre et se situe à proximité d’une voie de communication avec les grandes voies romaines.

De par son étendue et par la variété de ses ressources, la villa couvre l’ensemble des besoins d’une communauté locale : elle pourrait être comparée à un village disposant de champs, de pâtures et de forêts, mais dont les travailleurs, colons ou esclaves, seraient sous la dépendance d’un même maître. Elle se compose de plusieurs éléments :

1. La villa urbana

En tant qu’habitation du maître, elle est le centre du domaine.

Adaptée au climat de nos régions froides :

• Elle possède des caves munies d’hypocaustes assurant le chauffage par circulation d’air chaud
• L’inclinaison de ses toits pare à la pénétration de la pluie
• Une galerie exposée au Sud assure une insolation précieuse

Son aménagement intérieur évoque le luxe avec :

• Des objets et du mobilier souvent importés d’Italie
• Des mosaïques ornant le sol
• Les murs décorés de fresques
• Des tentures séparent les pièces lorsqu’il n’existe pas de portes
• L’éclairage s’effectue à l’aide de lampes à l’huile
• Parfois d’épaisses feuilles de verre opaque remplacent les toiles ou les volets pleins des fenêtres et laissent pénétrer la lumière
  
  

Hypocauste	Lampe à huile gallo-romaine   Source : Histoire illustrée de la Belgique, p. 18

2. La villa rustica

Elle comprend l’ensemble des maisons des serviteurs travaillant pour le compte du maître, mais aussi les écuries, les étables, les hangars, les ateliers où les artisans de tous genres fabriquent presque tout ce qui est utile à la vie de tous les jours. Un intendant surveille ces travailleurs en l’absence du maître.

Chaque domaine possède son moulin, son four, sa brasserie, une forge, des ateliers de charronnage, de poterie, de tissage, une briqueterie.

3. Autres villae

A l’intérieur du domaine, on trouve également ça et là de plus petites villae. Elles sont exploitées

• Soit par des paysans au service du maître
• Soit par des colons travaillant pour leur compte mais payant un fermage.

L’habitat populaire

La romanisation n’a cependant pas effacé la culture et les techniques gauloises : des fermes indigènes traditionnelles en matériaux légers subsistent à côté des villae. Partout se perpétue la construction d'habitations primitives :

• Le plus souvent des huttes carrées, reposant sur des fondations de 2 à 3 mètres de profondeur, construites en éclats de roche posés les uns sur les autres sans aucun mortier
• Plus pauvres encore sont les huttes de bois et d'argile.

La plupart des Gaulois continuent à y vivre comme par le passé.

Force est de constater qu'à côté de la villa du grand propriétaire foncier romain ou romanaisé, ces masures gauloises, dépourvues du moindre confort, donnent la juste mesure du fossé qui sépare les classes sociales ...

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La Romanisation