Le comté de Flandre et ses comtes

Il n’entre pas dans nos intentions de relater ici les faits et gestes de tous les comtes de Flandre qui se sont succédé, d’une part parce que cela pourrait sembler fastidieux à la majorité des visiteurs et, d’autre part, parce que cela nuirait à la clarté du texte. Nous avons toutefois voulu donner l’opportunité, à ceux d’entre vous qui seraient désireux d’accéder à ce genre d’information, de consulter une page spéciale reprenant, sous forme de tableau récapitulatif, les données relatives à chacun des dynastes flamands. Intéressé ? Alors cliquez sur Les Comtes de Flandre. Par ailleurs, si vous souhaitez situer plus aisément tous les acteurs impliqués dans le parcours mouvementé du comté, ne manquez pas de consulter la généalogie des comtes de Flandre.

Ceci étant clarifié, nous allons donc nous borner à mettre en exergue les comtes ayant marqué de leur empreinte la riche histoire du territoire flamand.

 

Baudouin II est dit le Chauve non pas à cause d’une calvitie marquée mais plutôt en souvenir de son grand-père maternel, Charles le Chauve !

Il est le tout premier comte de Flandre. Quoique mineur à son avènement, il fera construire de nombreuses citadelles fortifiées et mettra à profit les invasions normandes de 879 et 883 pour faire des terres héritées de son père une principauté indépendante.

Ses successeurs vont étendre le territoire tant au Sud qu’à l’Est, ce qui fait qu’à partir du 11^e siècle, les comtes de Flandre deviendront à la fois vassal du roi de France pour la partie du territoire dite « Flandre Royale », et de l’Empereur Germanique pour la « Flandre Impériale ». Celle-ci comprenait :

• La Zélande, à l’Ouest de l’Escaut
• Les Quatre-Métiers (Aksel, Assenede, Bouchoute et Hulst)
• Le pays d’entre Dendre et Escaut (principalement le comté d’Alost).

Baudouin VI parvient, grâce à son mariage avec la veuve du comte de Hainaut, à réunir entre ses mains les comtés de Flandre et de Hainaut. L’union des 2 comtés ne survivra cependant pas à sa mort en 1070. Il faudra ensuite attendre encore un siècle pour que l’opération se répète à la faveur du mariage de Marguerite d’Alsace  et de Baudouin V de Hainaut pour une durée beaucoup plus longue puisqu’elle s’étendra sur près de 100 ans.

A partir du 12^e siècle, Philippe d’Alsace, comte de Flandre et père de Marguerite d’Alsace, avait eu, lui, fort à faire pour défendre l’indépendance de son comté face à la puissance sans cesse grandissante des rois de France qui ne rêvaient que d’une chose : rattacher directement ce riche comté à la monarchie française. L’aide que le comte pouvait espérer de l’Angleterre, l’ennemie héréditaire de la France, était parfois aléatoire, aussi dut-il faire appel aux villes flamandes. Nous y reviendrons.

Agrandir le territoire et asseoir sa puissance : le rêve un peu fou de tout homme d’Etat. Les comtes de Flandre n’ont pas fait exception à la règle. Ils n’ont eu de cesse que de jouer des coudes et de s’allier tantôt à l’Angleterre, tantôt à la France voire même à l’Empereur du Saint-Empire ; la politique de bascule ne les a jamais rebutés pour arriver à leurs fins. Et s’il fallait aller au loin pour y trouver fortune, gloire et quelques nouvelles terres, ils n’auront pas l’once d’une hésitation. Aussi lorsque le pape appela à la Croisade, ils prirent le départ aux côtés d’autres seigneurs féodaux. Parmi eux on retiendra :

 

	Robert II, dit de Jérusalem (on comprend pourquoi !), participa aux côtés de Godefroid de Bouillon à la prise de Jérusalem lors de la 1ère Croisade
	Thierry d’Alsace se rendit 4 fois en Terre Sainte. Au retour de la 2e Croisade il rapporta la relique du Saint-Sang qu’il confia à la ville de Bruges
	Son fils, Philippe d’Alsace, participa à la 3e Croisade aux côtés de l’Empereur germanique Frédéric Barberousse, du roi de France Philippe-Auguste et du roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion
	Baudouin IX s’embarqua à Venise pour la 4e Croisade mais fit un crochet par Constantinople pour porter assistance à l’empereur détrôné par un usurpateur. Après 8 jours de siège, les Croisés purent s’emparer de la ville et choisirent Baudouin IX comme Empereur Latin de Constantinople en 1204. Il fut tué l’année suivante (1205) au cours de la guerre qu’il menait contre les Bulgares.

 

Les rênes de la Flandre furent aussi confiées à des comtesses. Nous avons déjà évoqué le rôle joué par Marguerite d’Alsace dans l’adjonction du comté de Hainaut à la Flandre. Il nous reste à évoquer 2 autres dames, toutes deux filles de Baudouin IX de Constantinople.

A la mort de leur père, les fillettes n’étaient encore que de très jeunes enfants :

• Jeanne avait 8 ans
• Marguerite avait 6 ans.

Aussi, Philippe-Auguste, toujours avide de contrôler le comté de Flandre, obtint de leur oncle tuteur, de les faire venir à Paris pour qu’elles soient élevées dans un esprit conforme à ses desseins. Avant d’autoriser Jeanne à régner, il lui fit épouser, en 1212, le prince Ferrand de Portugal qu’il croyait sans volonté ; il s’apprêtait ainsi à mener à sa guise une enfant et un étranger. Les choses ne furent cependant pas aussi simples, comme nous le verrons plus loin.

Marguerite de Constantinople hérita du comté à la mort de sa sœur Jeanne. Lorsqu’elle était à peine âgée de 10 ans, elle avait été confiée à Bouchard d’Avesnes, un quadragénaire qu’elle avait épousé en 1212 et dont elle avait eu 2 enfants. Or Bouchard appartenait au clan anglais et gênait donc Philippe-Auguste. Prétextant le début d’une vocation ecclésiastique de Bouchard, le roi de France fit annuler le mariage par le pape et Marguerite épousa en secondes noces Guillaume de Dampierre dont elle aura plusieurs enfants.

Le parcours matrimonial de Marguerite eut d’importantes conséquences pour la Flandre car il généra une lutte entre les enfants issus du premier lit et ceux du second. Cette querelle entre les Avesnes et les Dampierre trouva son épilogue suite aux bons offices de Saint-Louis (Louis IX de France) qui mit également fin au grand comté Flandre-Hainaut :

• Le Hainaut alla aux Avesnes
• La Flandre fut attribuée aux Dampierre
  
  

Philippe Auguste	Epilogue de la Querelle des Avesnes et des Dampierre   Source : Nos Gloires – J-L Huens

Le dernier comte de la lignée flamande, Louis de Maele, va ingénieusement agrandir son comté par son mariage avec Marguerite de Brabant. Il négociera aussi le mariage de sa fille Marguerite avec Philippe le Hardi préparant ainsi une ère nouvelle, celle des Ducs de Bourgogne !

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Comté de Flandre du 9e au 14e siècle