Les conflits 

 

Opposition entre l’Empire et la Papauté

Jusqu’au 11^e siècle, l’élection du pape et la nomination des évêques étaient soumises à l’approbation de l’Empereur. Le pape Léon IX et ses successeurs marquent leur opposition à toute intervention des laïcs dans les affaires religieuses. C’est le début de la Querelle des Investitures qui provoquera des dépositions de pape, l’excommunication de l’empereur, une abdication, la nomination d’antirois et d’antipapes. Au bout de 46 ans de lutte (1076-1122), le Concordat de Worms met fin à la Querelle :

• Les évêques sont élus par les religieux de la cathédrale et reçoivent leurs pouvoirs spirituels des autorités religieuses (remise de la crosse et de l’anneau épiscopal)
• Ensuite, ils reçoivent des autorités laïques leur pouvoir seigneurial (remise du sceptre).

L’empereur perd la nomination des évêques, ce qui affaiblit son pouvoir en Allemagne et en Italie.

Au milieu du 12^e siècle, un nouveau conflit éclate : la Lutte du Sacerdoce et de l’Empire. Il oppose :

• La papauté qui estime avoir le droit d’investir et de déposer les empereurs
• Les empereurs Frédéric 1^er Barberousse et son petit-fils Frédéric II, qui prétendent que leur pouvoir découlant de l’élection par les princes allemands ne dépend que de Dieu et non du pape. Ils se considèrent également comme les héritiers des empereurs romains et carolingiens et, à ce titre, prétendent à l’empire universel et donc à la domination de l’Italie où se trouve Rome.

 

Frédéric 1er Barberousse   Source : Encyclopédie Alpha, p. 2717	Frédéric II   Source : Encyclopédie Alpha, p. 2418

 

Le conflit avec la papauté dura longtemps et se termina par la défaite des troupes de l’empereur. L’idée d’un empire universel était détruite.

Révolte des princes luthériens

La plupart des princes protestants se convertissent au protestantisme car :

• Ils veulent affirmer leur puissance face à l’empereur profondément catholique
• Ils dénoncent les biens, les pouvoirs fiscaux et les fonctions juridictionnelles de l’Eglise

Charles Quint, fervent défenseur du catholicisme, entame contre les princes allemands une lutte longue et acharnée qui se termine en 1555 par la Paix d’Augsbourg :

• L’unification religieuse de l’Empire désirée par Charles Quint est un échec
• Le luthéranisme est désormais reconnu comme religion officielle dans la plupart des principautés et des villes d’Allemagne.
• Chaque prince allemand peut imposer ses choix religieux ses sujets.
• Les dignitaires de l’Eglise catholique convertis au luthéranisme doivent abandonner leurs domaines (évêchés et archevêchés). Leurs biens sont sécularisés
• Seule l’Allemagne du Sud reste majoritairement catholique.

La Guerre de Trente Ans (1618-1648)

Mais la paix religieuse n’est qu’une simple trêve ! Les tensions religieuses deviennent plus vives lorsque le calvinisme se propage en Allemagne : l’Empire recense maintenant 3 confessions sur son territoire.

Le principe prôné par la Paix d’Augsbourg selon lequel chaque prince protestant pouvait imposer ses choix religieux à ses sujets engendre également des contestations entre :

• Catholiques sous le pouvoir d’un prince protestant
• Protestants sous le pouvoir d’un prince catholique.

Les tensions religieuses deviennent intenses : des églises protestantes sont détruites alors que l’empereur tente de restaurer le catholicisme. Deux clans se forment :

• L’Union évangélique, alliance de princes protestants, dirigée par l’Electeur palatin
• La Sainte Ligue catholique, réponse catholique à l’Union évangélique, dirigée par Maximilien 1^er, Electeur de Bavière.

Le conflit devient inévitable lorsque l’Empereur Mathias 1^er décide de supprimer les libertés religieuses en Bohême. Les protestants de Prague n’obtenant pas satisfaction à leurs doléances, défenestrent 2 gouverneurs impériaux. Cet événement, connu sous le nom de Défenestration de Prague marque le début de la Guerre de Trente Ans.

 

La défenestration de Pragues   Source : Wikipedia	La Guerre de Trente Ans  Source : Wikipedia – Historicair

 

Les Etats protestants ont le plus grand mal à défendre leurs positions malgré le soutien apporté par la Suède et la France qui souhaitent limiter la puissance des Habsbourg en maintenant la division du Saint-Empire. La guerre connaît 4 phases successives correspondant chacune à un élargissement des protagonistes :

1. la phase palatine, de 1618 à 1625 ;
2. la phase danoise de 1625 à 1629 ;
3. la phase suédoise de 1630 à 1635 ;
4. la phase française ou franco-suédoise de 1635 à 1648.

Chacune des 3 premières périodes se termine par un succès impérial (et donc catholique) qui détermine un nouvel acteur à voler au secours des protestants.

Les Traités de Westphalie (24 octobre 1648) mettent fin au conflit.

• Les principaux bénéficiaires sont la Suède mais surtout la France qui acquiert un rôle prépondérant en Europe.
• Le Saint-Empire est réduit considérablement ainsi que le pouvoir des Habsbourg. Le pays est touché à plusieurs niveaux :
  • Economique : il ne lui faudra pas moins d’un siècle pour rétablir son économie
  • Démographique : un tiers de sa population a disparu
  • Religieux : le pays reste divisé entre les 2 confessions
  • Politique : le déclin des Habsbourg est mis à profit par les pouvoirs locaux, ce qui provoque une véritable paralysie politique que ne manquera pas d’exploiter Louis XIV
    
    

Le Saint-Empire Romain Germanique disparaît en 1806 sous la pression de Napoléon 1er.

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