Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

L’Autriche et la France se disputent les Pays-Bas


Les événements de France ne préoccupèrent sérieusement les Belges qu’après les Révolutions Brabançonne et Liégeoise. Certains de leurs acteurs avaient d’ailleurs trouvé refuge en France et y conservaient l’espoir de participer un jour à l’instauration d’un nouveau régime dans leur pays natal.

Au niveau politique, la situation internationale en Europe était devenue très tendue :

  • D’une part, Léopold II, archiduc d’Autriche et frère de Marie-Antoinette, manifesta l’intention, en accord avec Frédéric-Guillaume II de Prusse, d’intervenir en faveur de Louis XVI et de restaurer la royauté absolue.
  • D’autre part, les Girondins poussaient à la guerre européenne dans l’espoir de soulever les peuples contre les tyrans.

Léopold II du Saint Empire François II du Saint Empire
Léopold II  
Source : Wikipedia – Yelkrokoyade
François II 
Source : Wikipedia 


Lorsque Léopold II mourut, son fils François II lui succéda sur le trône d’Autriche. Quelques jours plus tard, les Girondins arrachaient à Louis XVI une déclaration de guerre à l’Autriche et à la Prusse.

La première occupation française

Dumouriez
Le général Dumouriez

Source : Encyclopédie Alpha, p. 2063

Après une première tentative d’invasion, le général Dumouriez entra dans les Pays-Bas à la tête de 40.000 hommes. La bataille de Jemappes du 6 novembre 1792 lui livra d’un coup tout le pays. Dans les rangs français, la légion belge, mise peu auparavant sur pied par un « Comité révolutionnaire des Belges et Liégeois unis » avait joué un rôle décisif.

Dumouriez rêvait de jouer un grand rôle politique. A peine entré sur le territoire belge, il lança une proclamation par laquelle :

  • Il déclarait venir en frère et en libérateur.
  • Il assurait les Belges qu’ils pourraient se donner une Constitution et un gouvernement de leur choix.

Cette suggestion était loin d’être désintéressée : il envisageait de s’appuyer sur ce nouvel Etat indépendant et souverain pour prendre le pouvoir à Paris ! Mais la population, encore incapable de comprendre que des temps nouveaux étaient venus, ne répondit pas massivement à l’appel du général français.

Un petit tour par la case départ

Un décret révolutionnaire du 16 novembre 1792 avait proclamé la libre circulation sur l’Escaut. Cet acte constitua une véritable déclaration d’hostilité vis-à-vis de l’Angleterre et de la Hollande. Aussi, après l’exécution de Louis XVI en janvier 1793, ces 2 nations se joignirent à la coalition austro-prussienne et attaquèrent la France qu’elles vainquirent à la bataille de Neerwinden (18 mars 1793).

Le résultat fut immédiat : les Pays-Bas redevinrent autrichiens. Ils échappaient, par la même occasion, à la Terreur qui sévissait alors en France.

La restauration autrichienne, opérée sans représailles, ne mécontenta pas les Belges car elle permit de rétablir les institutions traditionnelles. Mais l’empereur se mit à harasser les Etats de demandes de subsides. Malgré leur bonne volonté, les Etats ne purent répondre à ses sollicitations car les caisses étaient désespérément vides.

Le 23 avril 1794, François II vint, en personne, prêter serment à la Joyeuse Entrée. C’était la première fois depuis Joseph II qu’un souverain assistait personnellement à la cérémonie d’inauguration. Ce fut cependant la dernière fois que cette cérémonie officielle fut célébrée.

La deuxième occupation française

Les Français, quant à eux, n’avaient ni baissé les bras ni déposé les armes !

Le 26 juin 1794, le général Jourdan remporta la bataille de Fleurus sous le regard des premiers ballons d’observation. Elle inaugura le retour à l’occupation française. Le sort des provinces belges allait rester lié à l’histoire de la France pour une période de 20 ans !

Pendant plus d’un an cependant, la Belgique sera administrée en pays conquis et traitée avec mépris et violence. Les Français firent peser sur elle un régime d’occupation militaire implacable :

  • Les provinces belges furent frappées d’une contribution de plus de 80.000.000 de francs, chiffre représentant un total 6 fois supérieur à celui des contributions annuelles versées aux Autrichiens. Les cités qui ne pouvaient pas fournir leur quote-part durent livrer des otages
  • Les Français payaient en assignats (papier monnaie en chute libre mais imposée au pair !)
  • Les Français instaurèrent le « maximum » pour la vente des denrées et des marchandises.
  • Le système des réquisitions fut organisé sur une grande échelle : les chefs militaires avaient en effet reçu l’ordre de « dépouiller le pays des chevaux, des cuirs, des draps, de tout ce qui peut être utile à la consommation et enlever tout l’argent possible ».
  • Les trésors des églises, des monastères, des municipalités, des serments et des corporations furent enlevés et transformés en lingots d’or et d’argent.
  • De nombreux tableaux et objets d’art furent expédiés à Paris
  • Une violente persécution religieuse commença à se développer.

Bataille de Fleurus Assignat
Bataille de Fleurus  
Source : Quand la Belgique 
était française, p. 13
Assignat 
Source : Encyclopédie Alpha, p. 463

L’intégration à la république française

Ce régime d’occupation sans bornes avait été délibérément organisé pour amener les Belges à préférer une annexion que leurs représentants furent obligés d’acclamer sous la menace des gendarmes.

C’est donc ainsi que le 1er octobre 1795 :

  • Les Pays-Bas autrichiens
  • La principauté de Liège
  • Le duché de Bouillon
  • Et la principauté de Stavelot-Malmedy

furent officiellement annexés au territoire de la République Française. Il faudra cependant attendre 1797 et le Traité de Campoformio pour que Vienne accepte cette situation et renonce définitivement aux Pays-Bas en échange de la république de Venise.

L’Angleterre, quant à elle, avertit le gouvernement parisien qu’elle n’accepterait jamais l’annexion des Pays-Bas à la France. Elle allait garder cet engagement opiniâtre jusqu’au bout, en 1815 !

Annexion française