Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Le dernier discours d'Albert II

Nous sommes le 21 juillet 2013, jour de la fête nationale belge, et, une fois n’est pas coutume, il fait un temps radieux (pas de « drache nationale » aujourd’hui !). Dans la Salle du Trône du Palais de Bruxelles, quelque 200 invités de marque seront bientôt les témoins d’une grande première dans l’histoire de la Belgique : l’abdication volontaire d’un roi, événement non prévu par la Constitution

Abdication d'Albert II
Abdication d'Albert II dans la Salle du Trône

L’heure est solennelle et l’émotion palpable.

Avant de signer l’acte officiel d’abdication, le roi Albert II a tenu à prononcer les quelques paroles suivantes, que nous reproduisons dans leur intégralité.

Mesdames et Messieurs,

Avant d’abdiquer, je suis heureux de m’adresser une dernière fois aux Autorités du pays, et à travers vous, à toute la population. Je voudrais vous remercier, pour ce que vous avez réalisé de positif pour notre cher pays pendant la durée de mon règne.

Je voudrais ensuite rendre un hommage particulier au Premier Ministre, qui a accepté et accompli avec succès la difficile mission de former ce gouvernement, et qui ensuite, avec les Vice-Premiers Ministres et tout le Gouvernement, a pris les mesures nécessaires pour, dans des conditions difficiles, préserver au mieux le bien-être de tous les Belges.

L'émotion de la Reine Paola
L'émotion de la Reine Paola

Je voudrais aussi féliciter les Présidents des 8 partis qui, ensemble avec le Premier Ministre, ont convenu d’une réforme majeure de notre Etat fédéral. La Belgique se  modernise et je m’en félicite.  Et je m’en voudrais de ne pas associer les deux  Secrétaires d’Etat concernés à cet hommage,  pour l’énorme travail accompli.

Même si, de par le fonctionnement de nos institutions, j’ai davantage côtoyé durant mon règne les chefs et les membres  des différents gouvernements qui se sont succédé, je souhaite saluer ici le rôle essentiel de nos assemblées parlementaires, et en particulier celui de l’opposition, sans lequel il n’y a pas de démocratie digne de ce nom. Il en est de même pour la liberté de la presse, qu’il faut chérir à tout prix.

Philippe écoute les paroles de son père
Philippe écoute les paroles de son père

Quant à la Reine Paola, qui m’a constamment soutenu dans ma tâche durant ces 20 années, je voudrais simplement lui dire merci, et un « gros kiss ».

Merci que j’adresse aussi à celles et à ceux qui auprès de moi m’ont prodigué de précieux conseils.

Enfin, en tant que Roi et père, je voudrais m’adresser à mon fils, qui va me succéder.
Philippe, tu as toutes les qualités de cœur et d’intelligence pour très bien servir notre pays dans tes nouvelles responsabilités. Toi-même et ta chère épouse Mathilde, avez toute notre confiance. Ta mère et moi formons le vœu ardent de plein succès dans cette tâche à laquelle tu es bien préparé.

Mes dernières recommandations pour vous tous, rassemblés ici, sont : travaillez sans relâche à la cohésion de la Belgique. Vous serez ainsi davantage encore des artisans de paix, vous défendrez au mieux le bien-être de tous, et notre pays restera une inspiration pour l’Europe qui cherche l’unité dans la diversité.

Merci beaucoup

A l’issue de son allocution, et avant de regagner sa place, le Roi a donné une émouvante accolade paternelle à son successeur, attention chaleureusement applaudie par le public.

Après le discours du premier ministre, Elio Di Rupo, et la lecture de l’acte d’abdication par la ministre de la Justice, Annemie Turtelboom, Albert II a apposé, d’une main légèrement tremblante, sa signature au bas du document qui officialise la décision qu’il a mûrement réfléchie …

Dernier discours d'Albert II Accolade entre Albert II et son fils Signature de l'acte d'abdication
Dernier discours d'Albert II Accolade entre Albert II et son fils Signature de l'acte d'abdication

La cérémonie se clôture sur les notes de la Brabançonne, de quoi faire vibrer la corde sensible de ceux qui, jusque là, avaient stoïquement contrôlé leur émotion ! Désormais, Albert II n’est plus le « Roi des Belges », ce titre sera dévolu sous peu à son fils, le Roi Philippe.

Epoque contemporaine