La période unioniste
Les cabinets (ministères), mixtes ou centristes homogènes, s’efforcèrent d’être des gouvernements neutres entre les partis. Il n’y eut que des nuances entre :
- La Droite, encore inspirée de l’idéal catholique-libéral,
- Et la Gauche, composée en majorité de libéraux pratiquants ou, tout au moins respectueux des principes régissant le monde catholique.
Ce régime de tolérance mutuelle contribua grandement à faciliter aux Belges leurs débuts dans la voie de l’indépendance.
Le Roi Léopold 1er, quant à lui, était un fervent partisan de l’Union.
Conservateur de tendances, élevé dans le respect du principe monarchique, il avait regretté que la Constitution avait fait une part aussi réduite au Pouvoir exécutif. Il ne pouvait accomplir aucun acte public sans le contreseing d’un ministre responsable et devait se limiter à la mission qu’avait prévue pour lui le Congrès National à savoir « garantir la durée d’institutions presque républicaines ». Le roi corrigea ces restrictions :
- En dirigeant personnellement les Affaires extérieures
- En considérant les membres du gouvernement comme « ses ministres »
- Et en discutant avec eux toutes les questions importantes
Gardien des intérêts généraux du pays, il fut le « régulateur des oscillations des partis ». Dès 1831, Léopold 1er eut un conseiller sagace, discret, d’une fidélité à toute épreuve, dans la personne de son secrétaire Jules Van Praet.
Léopold 1er Pourquoi pas toute l’histoire de la Belgique, p. 157 |
Jules Van Praet Source : La Belgique centenaire, p. 174 |
Pour les ministres aussi, la formule unioniste était précieuse. Les Chambres auraient volontiers réduit à rien le rôle du Cabinet. Ce fut grâce au calme relatif créé par l’unionisme que les premiers ministères purent faire voter les grandes lois organiques :
- En 1832, celle concernant le pouvoir judiciaire
- En 1836, la loi communale du 30 mars conférant aux grandes villes un « self-government » presque intégral
- La loi provinciale du 30 avril 1836, heureux compromis entre l’esprit régionaliste et les droits de contrôle du pouvoir central.
Premiers conflits entre libéraux et catholiques
Petit à petit, les frictions entre catholiques et libéraux réapparurent. Une équivoque avait toujours subsisté, dans l’Union des Oppositions, quant à l’interprétation du mot liberté :
- Pour les libéraux, il s’agissait d’un droit naturel, sacré
- Pour les catholiques, d’un privilège dont il convenait d’user avec prudence pour ne pas verser dans l’anarchie et l’irréligion.
Le catholicisme libéral n’avait pu se maintenir. En 1832, le pape Grégoire XVI avait dirigé contre les principes de 1789, notamment contre la liberté de conscience et l’« exécrable » liberté de la presse, la violente encyclique « Mirari vos ».
En 1834, chaque fraction créa, par initiative privée, une Université libre :
- Celle des catholiques, née à l’appel de l’Episcopat, fut établie à Malines, puis, l’année suivante, à Louvain
- Celle des libéraux, fondée par l’avocat Théodore Verhaegen, devint l’Université de Bruxelles.
Toutes deux furent les citadelles et les centres d’activité cérébrale des partis qui les avaient fondées.
Le pape Grégoire XVI Wikipedia |
Théodore Verhaegen Un passé pour 10 millions de Belges, p. 105 |
La fin de l’Unionisme
En 1839, la paix avec la Hollande était chose faite ; l’Union des Oppositions n’avait plus aucune raison d’y survivre. Les derniers cabinets mixtes ou centristes eurent une existence languissante. Le bon accord entre des libéraux comme Devaux ou Rogier, et des catholiques comme le chevalier de Theux devenait impossible.
En 1846, il y eut un ministère de Theux-Malou franchement catholique.
Barthélemy de Theux Wikipedia |
Jules Malou La Belgique centenaire, p. 158 |
Liste des chapitres :
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La période unioniste
-
La période du doctrinarisme
-
Le conflit des idéologies
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A la recherche de la pacification politique et sociale
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Toute-puissance du parti catholique
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La politique intérieure de l'entre-deux-guerres
-
Après la libération, le gouvernement revient d'exil
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La fragmentation
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Le fédéralisme
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Et au 21e siècle ?