Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Aspects économiques

 

La période de calme que traversèrent les Pays-Bas sous le régime autrichien fut très favorable à leur développement économique

Dans le domaine de l’agriculture, la population rurale s’était remise au travail dès que les guerres et le banditisme avaient cessé. Le gouvernement l’avait favorisée en accélérant le partage à l’amiable des biens communaux et des domaines trop étendus.

Les campagnes jouirent de la réputation d’être les mieux cultivées et les plus peuplées d’Europe. De nouvelles cultures se répandirent, notamment celles du colza, de la pomme de terre et du topinambour.

Plus que n’importe quelle autre région, les chapelets de lagunes nommées moeres, situées entre Dunkerque et Furnes, gagnèrent en valeur. Leur assèchement s’effectua au moyen de moulins à palettes et à vis d’Archimède qui les transformèrent en polders, coupés de rigoles et entourés d’un canal de ceinture.

L’affaire de la Compagnie d’Ostende

Livrés au bon plaisir des Provinces-Unies et de l’Angleterre, les Belges ne pouvaient ni acheter, ni vendre sans l’assentiment de leurs voisins.

Or, en 1723, le haut négoce belge fonda une « Compagnie Générale Impériale des Indes pour trafiquer dans le Bengale et en Extrême Orient ». Son nom courant fut la Compagnie d’Ostende. Anvers ayant gardé de sa splendeur passée des réserves de gros capitaux, ce furent principalement les riches Anversois qui furent les plus gros souscripteurs de la nouvelle Compagnie.

Une flottille de 11 navires mit en relation Ostende et une série de comptoirs échelonnés du golfe du Bengale à Canton. La Compagnie fit immédiatement de substantiels bénéfices, surtout grâce au thé chinois.

 

Compagnie d'Ostende Ostende et son port au 18e siècle
La Compagnie d’Ostende 
Source : Quand la Belgique était autrichienne, p. 23
Ostende et son port au 18e siècle 
Source : Wikipedia

 

Mais cet essor indisposa l’Angleterre, la France et les Provinces-Unies qui exigèrent l’arrêt des activités de la Compagnie. Comme à cette époque, Charles VI était très soucieux de faire reconnaître les droits de sa fille Marie-Thérèse à la succession du trône d’Autriche, il obtempéra : il suspendit puis, en 1731, il supprima la Compagnie d’Ostende.

Malgré ces déboires, Ostende fut prospère sous Marie-Thérèse et plus encore sous le règne de Joseph II. En 1781, de dernier fit d’Ostende un port franc et détourna ainsi une partie du commerce d’Amsterdam. L’année suivante, la ville possédait :

  • Une Bourse
  • Une banque
  • Une chambre d’assurances maritimes
  • Des entrepôts spacieux

Le passage en transit des laines espagnoles vers le Saint-Empire et les profits indirects de la Guerre d’Amérique eurent pour conséquence l’entrée annuelle de 2.600 navires dans le port d’Ostende.

Canaux et chaussées

Botta-Adorno Cobenzl
Botta-Adorno  
Source : Wikipedia 
Cobenzl  
Source : Un passé pour 10 millions de Belges

 

Les plénipotentiaires Botta-Adorno et Cobenzl activèrent le commerce intérieur par les mesures suivantes :

Coches d'eau
Coches d’eau 

Un passé pour 10 millions de Belges

  • Le creusement ou l’achèvement de plusieurs canaux, notamment ceux de :
    • Louvain au Rupel
    • Gand à Bruges
    • Bruges à Ostende
  • La construction de belles chaussées :
    • De Bruxelles à Wavre
    • De Louvain à Luxembourg, via Namur
    • De Louvain à Liège
  • Sur ces routes, surveillées par la maréchaussée, des voitures publiques facilitèrent les communications interprovinciales
  • L’amélioration du service des postes
  • L’Etat créa des entrepôts dans les grandes villes
  • Une école de commerce s’ouvrit à Anvers et une école navale s’ouvrit à Bruges.

Le protectionnisme industriel

Imbu de protectionnisme, le gouvernement autrichien déchargea de certaines impositions les créateurs de nouvelles industries et leur assura des monopoles de vente ainsi que des primes ou des réductions de tarifs de transit.

Il créa aussi des manufactures « impériales et royales » modèles.

L’industrie linière

Métier à tisser avec navette volante
Métier à tisser avec navette volante  

Par la suite de l’emploi de la navette volante dès 1740, l’industrie linière prit un grand développement dans les petites villes et les campagnes flamandes.

En 1765, 200.000 fileurs et tisserands des 2 sexes fabriquaient, généralement à domicile, des toiles pour la consommation locale et l’exportation vers l’Espagne, la France et l’Italie.

  • Gand et Anvers avaient la spécialité des indiennes (toile de coton blanc teintes ou imprimées)
  • Courtrai fabriquait des toiles écrues, c’est-à-dire non préparées
  • Audenarde produisait des nappes à fleurages.

Ces industries provoquaient le développement parallèle de la bonneterie et de la blanchisserie.

La dentellerie et la tapisserie

Malgré la concurrence française, le délicat point de Bruxelles et les jolies dentelles au carreau de Malines et de Bruges furent recherchées par les classes supérieures, surtout par les cours princières des nombreuses filles de Marie-Thérèse.

Dans la capitale, cette industrie de luxe occupait quelque 15.000 ouvrières.

En revanche, la tapisserie de haute lice, atteinte par la concurrence des cotons imprimés, des toiles peintes et des papiers dessinés, était tombée en décadence. La famille Brandt d’Audenarde persévéra presque seule dans la confection des tapisseries à sujets sacrés, mythologiques ou rustiques.

Porcelaines et faïences

En 1750, le porcelainier Peterinck fondait à Tournai une fabrique de porcelaine en pâte tendre, bientôt célèbre dans toute l’Europe. Ses productions en blanc émaillé rivalisaient avec les figurines de Saxe et de Sèvres.

Trois ouvriers, les frères Boch, fondèrent une manufacture renommée à Septfontaines, près de Luxembourg. Ils se spécialisèrent dans la fabrication des statuettes en biscuit et des fines faïences en émail blanc à peinture bleue. Cette manufacture sera connue par la suite sous le nom de Royal-Boch.

L’industrie houillère

Au 18e siècle, on comptait 125 fosses de houillères entre Quiévrain et Charleroi. Elles produisaient déjà 28.000 tonnes de combustible par an et occupaient 5.000 ouvriers.

A cette époque, la houille n’alimentait que les forges et les fours à chaux ; les particuliers se chauffaient encore au bois et à la tourbe.

 

Ancienne manufacture impériale et royale Faïence du 18e siècle Forge du 18e siècle
Ancienne manufacture impériale et royale Faïence du 18e siècle  
Source : Bruxelles, où est 
le temps, p. 88
Une forge au 18e siècle 
Source : Repères en histoire de Belgique, p. 26

Industries nouvelles

  • Verreries à Charleroi
  • Carrosses à Bruxelles
  • Papier peint à Tervuren, dans le parc de Charles de Lorraine

… et pendant ce temps là, dans la Principauté de Liège

La principauté de Liège connaît également une brillante situation économique grâce à un certain nombre d’industries plus ou moins récentes :

Clouterie
Clouterie 

Source : La Wallonie, son histoire, p. 83

  • Potasses
  • Savonneries
  • Raffineries de sucre
  • Papeteries
  • Extraction des minerais de fer et de plomb
  • Ardoisières
  • Verreries

L’afflux des ouvriers flamands émigrés développe l’industrie lainière dans la vallée de la Vesdre. Les pièces de tissus de laine étaient écoulées aux foires de Francfort, de Leipzig et sur les marchés de Pologne, de Russie et d’Orient.

En outre, il ne faut pas négliger la prospérité des tanneries, des quincailleries, des clouteries, de la production de l’alun, du salpêtre et de la poudre.

Enfin, à Spa, la vogue des eaux minérales attira dans cette localité une société cosmopolite renommée …

Régime autrichien