Révoltes et conflits
Dans le Brabant, les lignages sont maintenant devenus tout-puissants :
- Les échevins fixent le salaire des tisserands.
- Les « wardeurs » contrôlent sévèrement la fabrication des draps et se montrent parfois injustes envers les ouvriers.
Les chartes brabançonnes n’accordent pas aux ouvriers une part dans l’administration des communes. Les corporations vont profiter du mécontentement de Wenceslas pour s’attaquer à la gilde. Mais leurs émeutes, mal conduites, échouent.
Des troubles démocratiques éclatent à Louvain
Vers 1360, un mouvement démocratique vit le jour à Louvain.
Pierre Coutereel
Source : Nos Gloires – J-L Huens
En Brabant, comme ailleurs, les lignages s’étaient emparés du gouvernement des villes. Les corporations réclamèrent le droit d’occuper une moitié de l’échevinat, là où l’opulente gilde de la draperie dominait sans conteste.
Le maïeur Pierre Coutereel, gardien des prérogatives ducales, prit position contre les lignages. Soutenu en secret par Wenceslas qui haïssait l’orgueil des patriciens, Coutereel fomenta une insurrection des tisserands et fit arrêter 171 nobles. Mais sa dictature alarma le duc qui le força à se retirer à l’arrière-plan. Après sa mort, les luttes communales se prolongèrent. Les démocrates de Louvain ne cessaient de réclamer leurs droits. En 1378, une bande de forcenés défenestra 17 patriciens réfugiés dans l’hôtel de ville, obligeant Wenceslas à venir, en personne, rétablir l’ordre dans la cité.
Les patriciens se résignèrent enfin à partager l’échevinage et le Conseil des jurés avec les gens de métier.
Ces luttes eurent une conséquence funeste : de nombreux tisserands quittèrent la ville et allèrent porter leur industrie à l’étranger. Louvain entra en décadence et se dépeupla.
A Bruxelles, il faudra attendre un peu plus longtemps avant que les métiers n’obtiennent le droit de nommer la moitié des échevins.
Bataille de Worringen (1288) pour l’acquisition du Limbourg
Ermengarde, duchesse de Limbourg, étant décédée sans héritier, Jean 1er racheta à son plus proche parent ses droits sur le duché. Mais il se heurta aussitôt à l’hostilité des seigneurs d’entre Meuse et Rhin groupés autour du veuf d’Ermengarde, Renaud 1er, comte de Gueldre, qui avait reçu de l’empereur le droit de rester maître du duché.
Manoeuvrant habilement, Jean 1er :
- S’assura la neutralité de la Flandre par une alliance avec Florent V de Hollande
- S’assura la neutralité de Liège par un traité d’amitié avec les bourgeois de la cité
- Conclut une entente avec les comtes de Juliers et de Clèves
- Suscita une révolte des bourgeois de Cologne contre leur prince-évêque
Le duc de Brabant put compter sur l’aide de la chevalerie brabançonne et des milices des villes, La bataille se livra devant les murs du château de Worringen, siège du tonlieu sur le Rhin. Engagée le matin, l’action dura jusqu’au soir. Plusieurs nobles et 900 hommes de l’archevêque de Cologne ayant été tués, les autres prirent la fuite. Jean 1er avait gagné la bataille.
Par l’acquisition du Limbourg, le duc de Brabant contrôlait désormais la route entre l’Allemagne et la Flandre, et il dominait en même temps tout le cours inférieur de la Meuse. Worringen avait consacré l’indépendance complète du Brabant à l’égard de l’Empire et de ses vassaux les plus proches.
Coalition anti-brabançonne de 1334
La politique des ducs de Brabant était souvent versatile. Ils étaient en conflit avec leurs voisins et leur victoire à la Bataille de Worringen avait laissé un goût de revanche chez leurs adversaires.
En 1334, le Brabant connut une crise d’une gravité exceptionnelle à propos de l’enclave de Malines que se disputaient Jean III, duc de Brabant, et Louis de Nevers, comte de Flandre.
La petite enclave de Malines fait l’objet des convoitises du Brabant et de la Flandre
Source : La Wallonie, son histoire, p. 20
Le duc et ses sujets soutinrent vaillamment le blocus d’une coalition de 15 petits Etats ! Dans cette ligue figuraient, entre autres :
Philippe VI de Valois
Source : Wikipedia
- Louis de Nevers
- Guillaume 1er le Bon, comte de Hainaut-Hollande-Zélande
- Adolphe de La Marck, prince-évêque de Liège
- Le comte de Gueldre
- Le comte de Juliers
- Le comte de Namur
- L’archevêque de Cologne
- Jean l’Aveugle, comte de Luxembourg
Menacé de tous les côtés, le Brabant fut sauvé par la médiation du roi de France, Philippe VI de Valois, qui prit Malines sous sa garde.
Le Brabant et la Guerre de Cent Ans
Voir aussi : La Guerre de Cent Ans en quelques lignes
Jacques Van Artevelde a su rallier
Edouard III à la cause de la Flandre
Source : Nos Gloires – J-L Huens
Le roi d’Angleterre Edouard III ne visait pas à créer, de la Mer du Nord au Rhin, une Angleterre continentale, mais bien à faire appuyer ses prétentions à la Couronne de France par un faisceau de souverains régionaux et ce au moyen de généreux subsides.
Jean III devint l’allié de l’Angleterre moyennant de grosses sommes d’argent et l’établissement de l’étape des laines anglaises à Anvers en 1338.
En 1339, une convention économique fut signée entre l’Angleterre et les Etats ralliés à sa cause (Brabant, Flandre et les Etats de la Maison d’Avesnes). Cet accord ne dura malheureusement pas entre Brabançons et Flamands. Ils se querellèrent à Tournai et, de plus, le zèle pro-anglais de Jacques Van Artevelde fut récompensé par le transfert de l’étape des laines anglaises à Bruges.
Jean III reprit la politique de bascule chère à ses prédécesseurs et se rapprocha du roi de France, Philippe VI de Valois.
Guerre entre la Flandre et le Brabant (1356)
Wenceslas, souverain mou et sans sincérité, eut un règne assez incolore.
Quelques mois après son avènement, Louis de Maele, comte de Flandre, lui chercha noise au sujet de la succession de sa femme Marguerite et de la dot qu’il n’aurait jamais reçue. Il va de soi que l’objectif du comte était tout différent : il visait surtout la maîtrise de Malines et la conquête d’Anvers dont l’activité portuaire menaçait dangereusement Bruges.
Les Brabançons accordèrent à leurs souverains une aide de 450.000 écus pour la défense du pays.
La campagne fut très brève, surtout en raison des tergiversations de Wenceslas. Louis de Maele entra en vainqueur dans les villes brabançonnes qui durent le reconnaître comme duc de Brabant. Pressé de rentrer en Flandre, le comte ne laissa en Brabant que de faibles détachements militaires …
Everard ‘t Serclaes saisit cette occasion pour s’introduire dans Bruxelles avec 70 de ses compagnons. Il bénéficia de la complicité des cabaretiers et des marmitons de la ville qui se chargèrent d’endormir la vigilance de la garnison flamande. ‘t Serclaes hissa le pavillon de Brabant sur une maison de la grand-place ; ce fut le signal de l’émeute et de la libération du territoire. En 5 jours, Louis de Maele perdit presque tout ce qu’il avait conquis. Jeanne et Wenceslas reprirent le pouvoir.
Wenceslas | Louis de Maele Nos Gloires – J-L Huens |
Mort de ‘t Serclaes Bruxelles, où est le temps, p. 180 |
Antoine de Bourgogne Toile de Van der Weyden |
Mais Louis de Maele ne s’avoua pas vaincu et continua la lutte. Les ducs de Brabant sollicitèrent, mais en vain, l’aide de Charles IV et durent se résigner à signer le Traité d’Ath en 1357
- Louis de Maele garda Malines. Les habitants le reconnurent comme prince moyennant la promesse de l’étape du sel et de l’avoine
- Le marquisat d’Anvers fut annexé à la Flandre et Louis de Maele prit des dispositions pour arrêter l’essor d’Anvers.
- Il se fit reconnaître tous ses droits ultérieurs à la succession au trône ducal. Ces droits seront dévolus à Marguerite de Maele qui les cèdera immédiatement à son fils, Antoine de Bourgogne.