Les comtes et les ducs
Il n’entre pas dans nos intentions de relater ici les faits et gestes de tous les comtes et ducs qui se sont succédé, d’une part parce que cela pourrait sembler fastidieux à la majorité des visiteurs et, d’autre part, parce que cela nuirait à la clarté du texte. Nous avons toutefois voulu donner l’opportunité, à ceux d’entre vous qui seraient désireux d’accéder à ce genre d’information, de consulter une page spéciale reprenant, sous forme de tableau récapitulatif, les données relatives à chacun des dynastes brabançons. Intéressé ? Alors cliquez sur Les ducs de Brabant. Par ailleurs, si vous souhaitez situer plus aisément tous les acteurs impliqués dans le parcours mouvementé du duché, ne manquez pas de consulter la généalogie des comtes de Louvain et des ducs de Brabant.
Ceci étant clarifié, nous allons donc nous borner à mettre en exergue les comtes et ducs ayant marqué de leur empreinte l’histoire du Brabant.
Le premier comte de Louvain est un jeune prince fougueux : Lambert 1er le Barbu. Il est le fils de Régnier III de Hainaut qui avait été exilé sur l’ordre de Brunon de Cologne. Avec son frère Régnier, Lambert 1er nourrit le projet d’occuper le Hainaut qui a été confié conjointement à Renaud et Garnier que les deux frères n’hésitent pas à tuer. Repoussés par l’empereur germanique Otton II, ils persistent et lancent une nouvelle tentative d’occupation. L’empereur finit par concéder :
- Le comté de Louvain à Lambert
- Le Hainaut à Régnier.
Lambert épousa ensuite la fille du duc de Basse-Lotharingie et reçut en dot le comté de Bruxelles (territoire situé entre la Senne et la Dyle).
La politique des comtes de Louvain est locale et réaliste :
- Ils prennent un jour le parti du roi de France
- Une autre fois celui du roi d’Angleterre.
- Il leur arrive de se ranger aux côtés du Pape
- Ou bien de l’empereur germanique.
Mais cette politique si ondoyante a une ligne d’orientation invariable : profiter des événements pour pratiquer une politique opportuniste conduisant à l’agrandissement du territoire et à l’accroissement de leur propre puissance.
Lambert 1er et son épouse Source : Wikipedia |
Henri 1er le Guerroyeur La Belgique, histoire et culture, p. 64 |
Le champion de cette politique ondoyante fut Henri 1er le Guerroyeur. Il chercha à profiter de tous les évènements européens pour pratiquer le système de bascule :
- Guelfe un jour, on le retrouve l’année d’après partisan de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen.
- Il accepte le Namurois de Philippe-Auguste et des rouleaux d’or de Jean sans Terre.
- A Bouvines, où il combat dans les rangs de l’alliance anglo-guelfe, les princes le tiennent à l’écart par défiance …
Desservi par des appétits territoriaux excessifs, il ne perd cependant jamais de vue les intérêts du duché :
- Affaiblir le bloc Flandre-Hainaut
- Entretenir de bonnes relations commerciales avec la Hollande et l’Angleterre.
Même si toutes ses entreprises ne furent pas victorieuses, il réussit néanmoins à agrandir son territoire et à surveiller la grande route commerciale de Cologne à Bruges. Il est très populaire et ses sujets le soutiennent.
Quelques années plus tard, Jean 1er le Victorieux décida de trancher une fois pour toutes, à l’avantage du Brabant, la question de la possession de la route commerciale du Rhin vers l’Angleterre qui allait reléguer la vieille voie de la Meuse à un rang secondaire.
L’occasion d’agir fut fournie au duc par le décès d’Ermengarde, duchesse de Limbourg en 1282. Il racheta à son plus proche parent ses droits à la possession du duché mais se heurta au veuf de la duchesse. Jean 1er fit preuve d’une extrême habileté usant d’ententes, d’accords, de négociations et d’incitation à la révolte. Il gagna la bataille de Worringen en 1288 et annexa le duché de Limbourg à la couronne du Brabant.
Jean 1er, héros d’une légende
Gambrinus
Source : Wikipedia
Jean 1er, Jan Primus en flamand, que l’on contracta en Gambrinus, devint une figure importante pour la bière.
On raconte qu’il posa les jalons de l’industrie brassicole brabançonne en faisant accorder des licences pour le brassage et la vente de la bière. A ce titre, il devint président d’honneur de la gilde des brasseurs bruxellois. La bière était un breuvage qu’il affectionnait particulièrement ; il était d’ailleurs capable d’en ingurgiter une quantité phénoménale. Il n’en fallait pas plus pour qu’on fît de lui le roi de la bière.
Un jour, alors qu’il avait décidé de festoyer avec ses compagnons d’armes après une victoire, il décida de s’adresser à l’assemblée en montant sur un amas de tonneaux où il s’assit à califourchon, une chope de bière à la main. Il prit la parole et but à la santé de son pays et de son peuple. C’est ainsi qu’il entra dans la légende …
Le nom de Gambrinus a traversé les frontières de la Belgique et est renommé auprès des amateurs de bière. Toutefois, la brasserie belge de Haacht rend, encore aujourd’hui, hommage à son duc de Brabant en brassant une bière Primus. Le vaillant Jean 1er apparaît d’ailleurs sur le logo de cette bière (voir un extrait d’une collection de chopes : http://www.chopescollection.be/fr/det.php?idchope=2855 )
Le fougueux et batailleur Jean III le triomphant eut un règne brillant !
Depuis 2 siècles, les ducs de Brabant, en raison de leur politique versatile, se trouvaient en conflit pour des questions de frontière avec la Flandre à l’Ouest et la principauté de Liège à l’Est. L’issue heureuse de la bataille de Worringen avait maintenues vivaces les rancunes des comtes de Luxembourg et des dynastes de la Basse-Rhénanie. De plus, la puissance des d’Avesnes menaçait le Brabant à la fois au Sud, par le Hainaut, et au Nord, par la Hollande et la Zélande. Aussi une coalition de 15 petits Etats s’était-elle formée pour se venger de la défaite de Worringen. Bien que le Brabant fût menacé de tous côtés, il parvint à tirer son épingle du jeu grâce à la médiation du roi de France, Philippe VI.
Au cours de la Guerre de Cent Ans, Jean III changea de camp et se rangea du côté d’Edouard III qui lui octroya l’étape de la laine pour Anvers. Deux ans plus tard, elle retourna à Bruges grâce au zèle de Jacques Van Artevelde.
Jean III pratiqua une politique matrimoniale très avantageuse pour chacune de ses 3 filles.
- Jeanne, l’aînée fut unie à Wenceslas, duc de Luxembourg ; ce mariage mit fin à la longue rivalité entre les Maisons de Brabant et de Luxembourg. Par ailleurs, le frère de Wenceslas est l’empereur Charles IV qui permettra à Jean III de se soustraire à toute juridiction étrangère (voir plus loin : la Bulle d’Or (1349))
- Marguerite épousa le comte de Flandre Louis de Maele. La succession de Marguerite entraînera la guerre entre la Flandre et le Brabant.
- Marie épousa Renaud, duc de Gueldre.
Jeanne Source : Nos Gloires, J-L Huens |
Marguerite Source : Wikipedia |
Après la mort de son mari Wenceslas, Jeanne désigna comme héritiers sa nièce Marguerite de Flandre et son mari Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. En 1404, ils cèdent leurs droits à leur second fils, Antoine de Bourgogne et frère de Jean sans Peur. C’est donc Antoine qui succèdera à Jeanne en 1406.
Par la suite, les choses s’organisent à l’intérieur de la Maison de Bourgogne :
- Antoine meurt à la bataille d’Azincourt en 1415 et laisse 2 fils mineurs : Jean IV et Philippe de Saint-Pol.
- La régence sera assurée par les Etats de Brabant jusqu’en 1417 lorsque Jean IV monte sur le trône
- Philippe le Bon déclare Philippe de Saint-Pol gouverneur temporaire au grand dam de Jean IV qui envahit le Brabant et occupe Bruxelles. Cette invasion échoue grâce au concours des métiers de Bruxelles.
- En 1425, Jean IV transmet ses droits sur la Hollande et la Zélande à Philippe le Bon
- Philippe de Saint-Pol succède à Jean IV en 1427 avant que le duché ne revienne à Philippe le Bon en 1430.
Jean IV de Brabant Source : Nos Gloires, J-L Huens |
Antoine de Bourgogne Toile de Van der Weyden |
Philippe le Bon Toile de Van der Weyden |