Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Les Princes-Evêques


Alors qu’en Brabant, des relations étroites entre les dynastes et leurs sujets se nouent, ici les souverains n’ont pas d’attaches dans le pays. Elus par le chapitre de la collégiale de Saint-Lambert, confirmés par le pape, investis par l’empereur, ils n’arrivent au pouvoir qu’après un parcours parfois tortueux dans lequel empereurs, papes et rois de France jouent un rôle actif et confus.

Il n’entre pas dans nos intentions de relater ici les faits et gestes de tous les princes-évêques qui se sont succédé, d’une part parce que cela pourrait sembler fastidieux à la majorité des visiteurs et, d’autre part, parce que cela nuirait à la clarté du texte. Nous avons toutefois voulu donner l’opportunité, à ceux d’entre vous qui seraient désireux d’accéder à ce genre d’information, de consulter une page spéciale reprenant, sous forme de tableau récapitulatif, les données relatives à chacun de ces prélats. Intéressé ? Alors cliquez sur Les Princes-Evêques de Liège.

Nous allons donc nous borner à mettre en exergue les personnalités ayant marqué de leur empreinte la riche histoire du territoire liégeois.


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Notger

Notger
Notger 

Source : Nos Gloires – J-L Huens

A partir de l’avènement d’Otton 1er, l’évêque de Liège est nommé par l’empereur germanique et, en 972, Notger sera le premier à bénéficier de cette nouvelle procédure. Personnalité droite et rigide, Otton 1er sait qu’il peut compter sur l’énergie et la loyauté de ce prélat. Quelques années plus tard, en 980, Notger se verra attribuer l’immunité générale sur toutes les possessions acquises depuis l’époque carolingienne. Autrement dit, il est maintenant placé à la tête d’une véritable principauté qui détient une réelle souveraineté.

Notger entretient des relations étroites avec l’Empire. Au cours de son épiscopat, pas moins de 4 empereurs le compteront parmi leurs conseillers les plus écoutés et l’appelleront continuellement à leur Cour. C’est ainsi qu’il interviendra dans les affaires les plus importantes de l’Empire et qu’entre 985 et 997, son nom apparaîtra dans 13 actes impériaux.

Notger s’évertua à faire de Liège un centre de vie politique et culturel des plus intenses, ce qui lui vaudra le surnom d’Athènes du Nord. C’est également sous son épiscopat que diverses enclaves du territoire se rattachent déjà par des pédoncules à la dorsale mosane.

La mémoire collective populaire lui a dédié un dicton flatteur : « Liégeois, tu dois Notger au Christ et le reste à Notger ».

Théoduin

Sceau de Théoduin
Sceau de Théoduin 

Source : Wikipedia – Musée de Huy

En 1053, la ville de Huy avait été incendiée à la suite d’une expédition du comte de Flandre, Baudouin V. Le prince-évêque Théoduin, projeta de reconstruire la ville pour en faire un centre puissamment fortifié qui défendrait à la fois le passage de la Meuse et l’accès du Condroz et de l’Ardenne. Ne disposant pas des sommes nécessaires à la réalisation de ce projet, il fit appel au concours financier des bourgeois de la ville qui acceptèrent de verser une contribution volontaire.

En remerciement et en compensation de cette aide financière, le prince-évêque octroya, le 27 août 1066, une charte de franchise aux bourgeois de Huy. Cette charte avait la particularité d’être la plus ancienne connue en Europe !

Otbert

La Querelle des Investitures entre l’Empire et le Saint-Siège, remet le principe de la nomination des évêques par l’empereur en question, le pape estimant qu’il s’agit de l’une de ses prérogatives. Le prince-évêque Otbert (1091-1119) se rangea du côté de l’empereur Henri IV et lui offrit l'hospitalité lorsque le pape Grégoire VII l'excommunia. Il ira même jusqu'à mettre son trésor à la disposition de l'empereur et à le défendre contre une attaque de son fils, Henri V. Devenu ainsi indispensable à l'empereur germanique, Otbert en profita habilement pour étendre son territoire.

C’est également lui qui achète les terres de Godefroid de Bouillon et de Baudouin II de Hainaut pour qu'ils puissent financer leur participation aux Croisades.

Et puis aussi …

A partir de Frédéric de Namur (1119-1121), les princes-évêques ne sont plus des Allemands choisis par l’empereur mais des princes nationaux appartenant aux Maisons de Lotharingie. Frédéric est le fils du comte Albert III de Namur. L’influence impériale décline progressivement et le pouvoir de nomination des évêques est attribué au chapitre de Saint-Lambert.

A l’instar de Théoduin, Albert de Cuyck (1194-1200) associa son nom à une charte importante puisqu’elle posait déjà, en 1196, les principes de la liberté individuelle, de l’inviolabilité du domicile et du jugement par droit et sentence.

Adolphe de La Marck (1313-1344) avait été élu sous le patronage de Philippe le Bel et se distingua comme agent de la politique annexionniste du roi de France. Son caractère batailleur le mit en conflit avec les métiers qu'il combattit pendant 3 ans. En fin de compte, il dut leur octroyer la Paix de Fexhe en 1316. D'autres conflits armés, qui l'opposèrent aux villes, aboutiront à un double compromis : la Lettre de Saint-Jacques et la Paix des XXII.

Albert de Cuyck Adolphe de La Marck
Albert de Cuyck Adolphe de La Marck 
Source : Nos Gloires – J-L Huens
Principauté de Liège du 9e au 14e siècle