Origine de la question de la liberté de l’Escaut
Lorsque, à la fin du 15e siècle, Anvers détrôna Bruges, menacée par l’ensablement du Zwin, la nouvelle métropole ne tarda pas à devenir le centre économique des Pays-Bas et à attirer de nombreux marchands étrangers. Anvers devint « l’entrepôt de l’univers » et, grâce à la Bourse dont elle s’était dotée, elle ne tarda pas à devenir également un grand centre de trafic de l’argent.
Ensablement du Zwin Source : Nos Gloires, J-L Huens |
Comptoir de la Hanse teutonique à Anvers Source : Wikipedia |
Tant que, sous Charles Quint et Philippe II, les provinces des Pays-Bas formèrent un seul groupement politique, la question de la liberté de l’Escaut, c’est-à-dire du libre passage des navires de commerce d’Anvers vers la Mer du Nord et réciproquement, ne se posa pas : le fleuve, en effet, était tout entier dans les Pays-Bas. Mais lorsque les provinces du Nord formèrent, en 1579, l’Union d’Utrecht, puis se libérèrent de l’autorité de Philippe II, le cours inférieur de l’Escaut ne fit plus partie des Pays-Bas espagnols. En outre, la révolution du 16e siècle entraîna, entre autres, la ruine d’Anvers et la prospérité de 2 ports hollandais :
- Amsterdam
- Rotterdam.
Les Hollandais, commerçants jaloux, créèrent, à partir de la reprise d’Anvers par Farnèse (1586), des difficultés nombreuses à tout navire désirant atteindre ce port ; ils furent d’ailleurs presque toujours en guerre avec l’Espagne (Guerre de 80 Ans). Ces hostilités se terminèrent en 1648 par le Traité de Münster qui imposa, en faveur de la Hollande et au détriment des Belges, la fermeture de l’Escaut.
Reprise d’Anvers par Farnèse en 1586
Importance de la liberté de l’Escaut pour les Belges
Tout le commerce maritime des Pays-Bas espagnols devait se faire par Anvers et par l’Escaut parce que le littoral maritime des Pays-Bas méridionaux ne convenait pas pour l’établissement d’un grand port.
Mais, pensez-vous à juste titre, en quoi consistait exactement cette « fermeture de l’Escaut » ?
Il faut entendre par là que les bâtiments de haute mer étaient tenus de « rompre charge », c’est-à-dire de débarquer leur cargaison pour qu’elle soit transbordée sur des navires plus petits. Ce transfert devait s’opérer à des conditions tellement onéreuses qu’en fait le commerce extérieur alimentant la métropole tomba verticalement. Les navires hollandais, par contre, continuèrent à fréquenter le port d’Anvers en temps de paix.
Fermer l’Escaut équivalait donc à la suppression de tout commerce maritime des régions belges avec l’étranger, et au rejet des Pays-Bas espagnols en dehors du mouvement commercial.