La vie économique
Les Pays-Bas bourguignons atteignirent leur plus haut degré de prospérité et de civilisation au 15e siècle, sous le règne de Philippe le Bon. Ils constituaient le plus riche ensemble d’Etats de l’Europe :
- L’agriculture accusait un remarquable état de prospérité
- Le commerce et l’industrie se régénéraient sous l‘action de nouvelles formules telles que la libre production, le libre-échange et la libre circulation.
Comparativement, les « Pays de par-delà » (Bourgogne et Franche-Comté) offraient une impression moins forte de prospérité.
Décadence de Bruges et épanouissement d’Anvers
Jusqu’en 1450, Bruges demeura le rendez-vous international du grand commerce et constituait le plus grand marché bancaire de l’Occident. Par la suite, elle fut atteinte par l’ensablement progressif du Zwin et vit, en outre, les marchands étrangers rejeter peu à peu son organisation corporative rigide et préférer aborder et s’établir à Anvers située sur l’Escaut que le hasard d’une inondation avait élargi avec bonheur.
La foire franche de Bruges Source : Les ducs de Bourgogne, p. 20 |
Les changeurs de monnaies Source : Encyclopédie Alpha, p. 1242 |
Ensablement du Zwin Source : Nos Gloires, J-L Huens |
Anvers avait reçu des ducs de Brabant les étapes du poisson, du sel et du blé. Par ailleurs, l’essor de la draperie brabançonne et malinoise lui avait ouvert d’intéressantes perspectives. Un bel avenir s’ouvrait aux habitants du port qui se mettaient à l’œuvre en utilisant des méthodes nouvelles :
- En 1460, ils fondèrent une bourse de commerce, le premier établissement de ce genre en Europe
- La liberté commerciale y était observée avec le respect d’un dogme. Cette liberté ne concernait toutefois que le grand commerce international ; les métiers traditionnellement exercés par les Anversois restaient soumis aux réglementations corporatives.
Quant aux villes portuaires de Hollande et de Zélande, elles étaient autant de centres actifs du commerce maritime. Les produits de la pêche, mais aussi les cargaisons de matières premières ou de produits semi-finis en provenance d’Angleterre ou d’Ecosse y étaient déchargés en grand nombre.
Décadence de la draperie urbaine et progrès de la draperie rurale
Affaiblis par leurs luttes contre Philippe le Bon et par leurs querelles intérieures, les centres drapiers urbains protectionnistes virent approcher la ruine. De nombreux ouvriers s’étaient réfugiés en Angleterre où ils avaient implanté leur industrie, et spécialement le tissage des draps. Ils y étaient si nombreux que les laines anglaises furent utilisées sur place et ne furent plus expédiées dans les Pays-Bas. En outre, les Anglais travaillaient à bon marché et l’industrie des Pays-Bas ne put soutenir leur concurrence.
Mais pendant qu’Ypres et Gand s’appauvrissaient, de nouvelles industries rurales, nées dans les petites villes et les campagnes s’épanouissaient sous l’égide de la liberté économique. Ne pouvant s’approvisionner en laines anglaises, ils sont allés acheter des laines espagnoles et portugaises convenant particulièrement pour la fabrication des tissus légers et de fantaisie tels que les sayettes. La sayetterie devint ainsi la spécialité de l’industrie rurale et lui assura la prospérité durant 2 siècles.
L’industrie drapière urbaine en décadence tenta de se relever en adoptant la sayette mais en vain … les villes drapières vont cependant réagir à la crise qui les épuisait et lancer le lin, la dentelle et la tapisserie. Quelques-unes se spécialisèrent plus spécifiquement :
- Gand, qui avait conservé l’étape des grains, resta un centre de batellerie important pour le transport des céréales
- A Bruxelles, où résidait la Cour bourguignonne, on s’orienta vers l’artisanat de luxe
- Bruges devint une place de banquiers
La libre circulation
Les divers éléments composant les Pays-Bas bourguignons étaient complémentaires. Outre les terroirs agricoles qui ravitaillaient les villes, certaines zones produisaient des matières premières et approvisionnaient le secteur artisanal. Dans les régions mosanes s’était développée une importante activité métallurgique : des armes, des armures, des canons furent produits et commercialisés.
Grâce au régime de la libre circulation, les produits de Flandre et du Brabant étaient échangés contre la houille, les métaux travaillés et les armes du pays de Liège ou les harengs de Hollande encaqués dans de grandes barriques. Dans les provinces du Nord allait se produire un phénomène analogue où Amsterdam s’affirmera au détriment de Dort (Dordrecht).
Le système monétaire
En 1434, Philippe le Bon mit en place un système monétaire dans 4 de ses Etats :
- Le Brabant
- La Flandre
- Le Hainaut
- La Hollande
Le nom de « Vierlander » (4 provinces en flamand) donné à la monnaie faisait référence à ces 4 territoires. Ces pièces d’argent, frappées dans ces provinces, ont le même poids et donc la même valeur.
La qualité des monnaies, frappées du millésime en chiffres arabes, était sévèrement contrôlée par des fonctionnaires spécialisés.