Le règne de Marie de Bourgogne
Marie de Bourgogne
Source : Wikipedia
La mort de Charles le Téméraire devant Nancy en janvier 1477 laissa sa fille unique, la douce et inexpérimentée Marie de Bourgogne, dans une situation désespérée.
Agée d’à peine 19 ans, la jeune duchesse n’avait plus ni armée, ni argent, ni alliés. Sa vulnérabilité n’échappa pas à Louis XI qui ne tarda pas à prendre une revanche sur ces Bourguignons auxquels il vouait une haine sans pardon.
- Il se hâta d’incorporer au royaume de France le duché de Bourgogne
- Il envahit la Franche-Comté
- Il réoccupa les villes de la Somme
- Par des intrigues, il chercha à provoquer le morcellement des Pays-Bas en invitant les Wallons à s’unir à la France
- Il s’apprêtait à annexer le Namurois, le Hainaut et la Flandre.
A côté de ce danger extérieur, Marie dut également faire face à un puissant mouvement populaire à l’intérieur de ses territoires.
La révolution éclata à Gand.
Les Etats Généraux s’y étaient réunis et gardaient poliment la duchesse en otage jusqu’à ce qu’elle signe une charte démocratique applicable à tous les Etats des Pays-Bas. Cette charte, connue sous le nom de Grand Privilège des Pays-Bas de par-deça, prévoyait :
- La suppression de toutes les institutions centralisatrices des ducs de Bourgogne, à commencer par le Grand Conseil de Malines
- La remise en vigueur de tous les anciens droits, privilèges, coutumes et usages des provinces, des villes et des métiers
- L’octroi aux Etats, tant provinciaux que généraux, du droit de réunion spontanée
- La soumission, par le pouvoir central, des déclarations de guerre et des autres actes importants au consentement préalable des Etats Généraux et provinciaux
- La création d’un collège supérieur de surveillance, le Grand Conseil, composé de représentants de tous les Etats de la Maison de Bourgogne
- L’emploi de la langue nationale comme instrument officiel dans chaque partie du pays
A la lumière de ce qui précède, force serait de conclure que le rassemblement territorial opéré par les ducs de Bourgogne allait être remis en cause. Il n’en a pas été ainsi ! Les provinces des Pays-Bas allèrent même jusqu’à ne plus vouloir se contenter d’une simple union personnelle dans le chef d’un souverain commun … Pour la première fois dans l’histoire du pays, l’opinion publique appréciait de pouvoir s’exprimer par le biais de ses représentants dans les instances communes suivantes :
- Le Grand Privilège : sorte de Constitution commune
- Le Grand Conseil : sorte de pouvoir exécutif commun
- Les Etats Généraux : sorte de représentation nationale
Un mariage pour garantir ces nouvelles bases
Louis XI ayant entre-temps mis son projet d’invasion du Sud des Pays-Bas à exécution, la démocratie urbaine, enfin consciente du danger, lui opposa une résistance admirable et l’obligea de modifier son plan d’attaque. Comprenant qu’il leur fallait un chef, les Communes conseillèrent à la duchesse d’épouser Maximilien d’Autriche, ce qu’elle accepta d’autant plus volontiers qu’il s’agissait du candidat favori de son père. Le mariage fut célébré le 19 août 1477. Désormais, la Maison de Habsbourg avait un pied dans les Pays-Bas !
Mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche
Source : Quand la Belgique était bourguignonne, p. 76
Maximilien, jeune prince ambitieux et plein de zèle, conduisit la campagne contre Louis XI avec toute l’énergie qui le caractérisait. Avec l’aide des milices communales, il gagna la bataille décisive de Guinegatte (1479) qui permit de restaurer le crédit de la Maison de Bourgogne.
Une ère de bonheur semblait s’ouvrir pour les Pays-Bas. Elle sera cependant de courte durée car le drame guettait. Le 27 mars 1482, la duchesse Marie mourut des suites d’une chute de cheval. Elle laissait 2 enfants en bas âge :
- Philippe, surnommé le Beau, né à Bruges le 22 juin 1478
- Marguerite d’Autriche, née le 10 janvier 1480 à Bruxelles