Les ducs de Bourgogne
Voir aussi : Généalogie des ducs de Bourgogne
Avant d’entrer dans le vif du sujet, faisons plus ample connaissance avec les ducs qui s’apprêtent à unifier et moderniser le territoire de la future Belgique :
- Philippe le Hardi (règne : 1384 - 1404)
- Jean sans Peur (règne : 1404 – 1419)
- Philippe le Bon (règne : 1419 – 1467)
- Charles le Téméraire (règne : 1467 – 1477)
- Marie de Bourgogne (règne : 1477 – 1482)
Tout commença donc par un mariage, celui de Marguerite de Maele, héritière de Flandre, et de Philippe le Hardi … qui deviendra de facto Comte de Flandre après le décès de Louis de Maele en 1384.
Philippe le Hardi (1342 – 1404)
Philippe le Hardi
Source : Wikipedia
Fils cadet du roi de France Jean II le Bon, il doit son surnom de « Hardi » à sa valeureuse conduite sur le champ de bataille de Poitiers en 1356, où il fut emprisonné par les Anglais avec son père. A leur libération en 1360, le roi lui donna en apanage le duché de Bourgogne. Cette donation fut confirmée en 1364 par le successeur de Jean II, Charles V, frère de Philippe.
Philippe le Hardi fut un des princes les plus fastueux d’Europe. Toute son attention continua à se concentrer sur les affaires de France, pays dont il fut régent à 2 reprises :
- En 1380, après la mort de son frère Charles V
- A partir de 1392, lorsque son neveu Charles VI fut devenu fou
Ignorant la langue flamande et les mœurs du pays, résidant rarement en Flandre, le nouveau comte de Flandre se garda cependant bien d’agir en étranger dans ses nouvelles possessions et veilla à en défendre les intérêts. Il utilisa sa forte position à la Cour de France pour favoriser ses projets politiques et déploya une grande activité diplomatique pour négocier, au nom du roi, des trêves ou contracter des alliances.
Philippe le Hardi mourut à Hal en 1404, atteint d’une maladie contagieuse.
Jean sans Peur (1371 – 1419)
Jean sans Peur
Source : Les ducs de Bourgogne
Fils aîné de Philippe le Hardi, Jean de Nevers était de petite taille et laid. Il avait un long nez, une bouche ricaneuse et le regard fuyant. Malgré une expression orale hésitante et difficile, ses interlocuteurs furent souvent désarçonnés par sa froide intelligence, sa ruse et sa volonté intransigeante. La maladresse de ses mouvements et son avarice au jeu ne manquèrent pas de susciter des railleries.
A l’âge de 24 ans, il avait pris le commandement de la croisade de Hongrie, expédition militaire mise sur pied par son père pour venir en aide au roi de Hongrie menacé par l’avancée des Turcs ottomans dans les Balkans. Il y avait fait preuve de courage et de bravoure mais fut fait prisonnier à la bataille de Nicopolis. Libéré 2 ans plus tard contre une forte rançon, il reçut le surnom de « sans Peur ».
Peu de temps après son avènement, Jean sans Peur entra en conflit avec son cousin le duc d’Orléans, frère du roi de France. L’enjeu de la lutte était l’exercice du pouvoir laissé vacant en raison de la folie de Charles VI. Décidant de régler la question par la violence, le duc de Bourgogne fit assassiner son rival en 1407.
Impliqué dans la guerre civile entre Bourguignons et Armagnacs (partisans de la Maison d’Orléans), Jean sans Peur finira assassiné au pont de Montereau en 1419.
Philippe le Bon (1396 – 1467)
Philippe le Bon
Source : Roger Van der Weyden
Fils de Jean sans Peur, le nouveau duc de Bourgogne n’était pas un étranger pour ses sujets de Flandre. Son père lui avait fait apprendre le flamand et lui avait fait faire de longs séjours à Gand.
Il était élégant, élancé, glabre, avait les oreilles et le nez pointus, les lèvres minces. Derrière un masque froid et des manières composées, il cachait un caractère impétueux et colérique. Le luxe de ses costumes pouvait aller jusqu’à l’extravagance.
Ses aventures galantes ne se comptaient plus ; il était d’ailleurs fier d’élever dans son entourage pas moins de 18 bâtards !
Energique et laborieux comme son père, il se fixa des objectifs ambitieux qu’il mit en œuvre avec une habileté retorse en tirant opportunément parti des circonstances. C’est lui qui réalisa l’œuvre capitale de la Maison de Bourgogne en groupant sous son autorité toutes les principautés de nos régions (voir : Frise historique « Les Pays-Bas bourguignons). Habile politique et puissant souverain, il se fit craindre et respecter de tous les princes d’Europe qui l’appelaient le « Grand duc d’Occident ».
Pendant les 2 dernières années de sa vie, Philippe le Bon fut atteint de plusieurs congestions et tomba dans la déchéance sénile. Au cours de cette période, son fils Charles avait été nommé lieutenant-général de ses futurs Etats.
Charles le Téméraire (1433 – 1477)
Charles le Téméraire
Source : Roger Van der Weyden
Fils de Philippe le Bon et de sa troisième épouse, Isabelle de Portugal, Charles reçut une éducation soignée.
Il était beau, fort, énergique ; il avait de la flamme dans le regard et son vocabulaire était « juteux et coloré ». Il avait le visage régulier, le teint hâlé, les cheveux noirs, les yeux bleus légèrement mélancoliques, les lèvres serrées révélant une certaine obstination.
Son cousin, le dauphin de France Louis XI, s’était réfugié à la Cour de Bourgogne chez son oncle Philippe suite à un différend avec son père. Sournois, jaloux et fielleux, il nourrit, à l’égard de Charles, une haine sans borne qui ne le quittera jamais et qui influencera la politique des 2 hommes.
Charles fut investi de ses premières responsabilités politiques en 1454 lorsque son père le chargea de gouverner les pays bourguignons pendant son absence. Mais 2 ans plus tard, il entra en conflit avec Philippe le Bon qu’il estimait trop soumis à l’influence des membres de la famille de Croÿ. L’hostilité entre le duc et son fils dura plusieurs années et un rapprochement ne s’opéra qu’à partir de 1465 ; Charles reçut alors une délégation de pouvoir générale de son père malade, arrivé en fin de vie.
Devenu duc de Bourgogne, Charles le Téméraire marqua à la fois l’apogée et le déclin de l’Etat bourguignon. Poussé par son ambition, il voulut agrandir ses possessions et obtenir le titre de roi. Il se lança dans des conquêtes hasardeuses qui le conduisirent à la défaite et à la mort en 1477.
Marie de Bourgogne (1457-1482)
Marie de Bourgogne
Source : Wikipedia
Marie est née à Bruxelles et est la fille unique de Charles le Téméraire. Elle est à peine âgée de 20 ans quand la mort de son père l’appelle à régner en 1477. Faible, sans expérience, sans armée et sans argent, elle sera la proie de toutes les convoitises.
Marie de Bourgogne épousa en 1477 Maximilien d’Autriche, fils de l’empereur d’Allemagne Frédéric III. Cette union eut pour conséquence de donner à la future Belgique des souverains de la famille autrichienne des Habsbourg
Le règne de Marie de Bourgogne fut de courte durée. Un jour qu’elle se livrait à la chasse au faucon aux environs de Bruges, elle se blessa grièvement et mourut le lendemain à l’âge de 25 ans. Elle laissait 2 enfants en bas âge :
- Philippe, surnommé le Beau, futur père de Charles Quint
- Marguerite d’Autriche.
Avec la mort de Marie, le règne de la dynastie de Bourgogne avait pris fin.