Le règne de Philippe le Beau
A la fin de l’année 1493, Maximilien devint Empereur du Saint-Empire. A partir de ce moment, il ne se soucia plus de ces Pays-Bas qui lui avaient causé tant de soucis et il fut heureux de les remettre à son fils maintenant âgé de 16 ans. De leur côté, les Belges se réjouirent de retrouver un « prince naturel ».
Philippe le Beau n’était pas très intelligent ; il concevait le pouvoir comme un moyen de donner des fêtes luxueuses et de courir les aventures galantes. D’un naturel placide, il se montra satisfait de toutes les solutions conseillées par les grands seigneurs indigènes qui l’avaient élevé. Aussi lui attribua-t-on rapidement un second surnom : Philippe croît-conseil !
Un mariage prometteur
En 1496, Philippe épousa Jeanne, fille des Rois Catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. Issue d’un milieu austère et profondément éprise de son mari courtois mais volage, Jeanne rendit infernale la vie de Philippe en le tourmentant continuellement par des accès de colère et de jalousie. Peu à peu, elle sombra dans la neurasthénie et se vit attribuer le surnom de « La Folle ».
Philippe le Beau Source : Bruxelles, où est le temps, p. 132 |
Philippe et Jeanne Source : Nos Gloires, J-L Huens |
Sa politique
Sur le plan intérieur, Philippe le Beau tenta de concilier le particularisme et le pouvoir central tout en privilégiant ce dernier.
- Il restaura beaucoup de privilèges mais ne ratifia pas les concessions faites par Marie de Bourgogne en 1477
- Il s’entoura de conseillers nationaux pour résister aux villes influentes
- Il respecta les prérogatives des Etats Généraux.
- Il rétablit le Grand Conseil de Malines
- Il ne rechercha pas un Etat unitaire et absolutiste : les Pays-Bas restèrent une union personnelle des provinces avec le prince.
L’idéal national d’une monarchie tempérée par l’action des Etats Généraux donne ainsi entière satisfaction à toutes les parties.
Malgré les efforts de Maximilien pour attirer son fils dans le sillage de sa politique, les Pays-Bas observent une attitude prudente. Alors que presque toute l’Europe est en guerre, les provinces belges concluent avec le roi d’Angleterre Henri VII un traité de commerce avantageux, l’Intercursus Magnus en 1496 (grand traité d’entrecours) qui garantit la liberté de commerce aux marchands des 2 pays.
L’accroissement inopiné du territoire
Les conséquences politiques du mariage de Philippe le Beau avec Jeanne de Castille dépassent de manière inattendue les objectifs fixés par les 2 familles. En moins de 3 ans, une série de décès dans la dynastie espagnole place le souverain des Pays-Bas, au nom de sa femme, à la tête d’un immense territoire.
- Don Juan, héritier du trône et frère de Jeanne la Folle, meurt en 1497
- Sa sœur Isabelle meurt en 1498
- Le fils unique d’Isabelle meurt en 1500.
Mais le 25 septembre 1506, au cours d’un voyage en Castille, Philippe le Beau meurt à Burgos. Un garçonnet de 6 ans, pâle, maladif et taciturne est appelé à recueillir l’héritage prestigieux de ses ancêtres : Charles de Luxembourg qui deviendra Charles Quint !