Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La politique intérieure

Palais épiscopal en 1649

Erard de La MarckErard de La Marck

Après les effroyables épreuves de la fin du 15e siècle, Erard de La Marck prit une série de mesures favorables à la restauration du bien-être de ses administrés.

La Paix de Saint-Jacques de 1507

Par cette « Paix », le prince-évêque créa un état d’équilibre entre les pouvoirs du prince et ceux des Etats. Elle consacra l’existence d’une députation permanente, chargée de conserver aux travaux des Etats un caractère de continuité pendant les intervalles entre les sessions. Elle superposa au Tribunal des XXII une juridiction d’appel, les Etats réviseurs.

Les coadjuteurs

Erard de La Marck institua un régime de succession de la fonction épiscopale qui, en fait, fit perdre au Chapitre ses droits de nommer le prince-évêque.

Désigné du vivant du souverain, le coadjuteur aurait le droit de lui succéder.

Gérard de GroesbeekGérard de Groesbeek

Les privilèges

Sous ce prince-évêque, le peuple de Liège, ressaisi par son vieil esprit d’indépendance, réussit à reconquérir sa position privilégiée. Ses pouvoirs dépassèrent, dans l’Etat, ceux du clergé, de la noblesse et des autres villes. A Liège même, les métiers conduits par des politiciens de carrière (surtout des avocats), reprirent une place prépondérante. Les 2 bourgmestres de la cité agissaient en représentants d’un pouvoir absolument autonome !

La politique religieuse

Groesbeek avait peur de Philippe II et aurait voulu lui plaire en agissant avec rigueur contre les rares hérétiques de la principauté. Mais les Liégeois, quoique très catholiques, ne lui permirent pas de créer une législation spéciale qui aurait entraîné le risque de modifier les anciennes et solides lois du pays.

Emblème BavièreLa Maison de Bavière

Les princes-évêques de la Maison de Bavière étaient riches et hautains ; ils avaient des goûts de potentat et étaient très attachés à la religion catholique. En outre, chacun d'eux était en même temps :

  • Électeur-archevêque de Cologne
  • Evêque de Münster et de Hildesheim.

De par leurs différentes fonctions, ces princes résidaient presque continuellement en Allemagne et gouvernèrent l’Etat liégeois par correspondance.

Le régime électoral

Au 15e siècle, lorsque Liège était devenue une puissante cité industrielle, le prince-évêque Jean de Heinsberg avait élaboré un règlement électoral destiné à servir de compromis entre les prétentions des princes et celles des Liégeois. Ce règlement, connu sous le nom de "Régiment de Heinsberg", remplaçait les élections municipales directes par un système compliqué : il prévoyait la mise en place de 22 commissaires inamovibles dont :

  • 6 étaient désignés par le prince
  • 16 étaient élus par les 32 paroisses de la Cité.

Ces 22 commissaires devaient désigner annuellement un bourgeois dans chacun des 32 métiers de la ville, lesquels bourgeois devaient à leur tour élire les 2 maîtres à temps (bourgmestres).

Le « Régiment de Heinsberg » était en vigueur depuis 1424 mais il était devenu totalement vicié au cours des années. Les 32 électeurs municipaux étaient achetés par les agents du prince et il n’était pas rare de connaître les noms des 2 futurs maîtres à temps déjà un an à l’avance !

L’agitation populaire née de l’opposition à ce régime électoral impressionna Ernest de Bavière qui donna aux Liégeois le Règlement de 1603 (14 avril) : l’élection des 2 bourgmestres et des 30 jurés de la Cité était confiée aux 32 métiers :

  • 3 membres devaient être tirés au sort dans chaque métier
  • Parmi le total de 96 membres ainsi obtenus, 32 électeurs seraient tirés au sort et chargés de nommer les maîtres à temps.

Lorsque Ferdinand de Bavière monta sur le trône, il restaura le Régiment de Heinsberg en 1613. Mais les métiers exigèrent le maintien du « Règlement de 1603 ». Il se forma alors 2 partis :

  • Les Chiroux (Les partisans du prince) : ils comprenaient les nobles, les membres du clergé, les dévots et les grands bourgeois hispanophiles. Ils formaient des compagnies militaires portant un uniforme à culotte blanche et habit noir évoquant le plumage de l’hirondelle (chirou en wallon)
  • Les Grignoux (les démocrates) : ils rassemblaient les masses plébéiennes ainsi que les bourgeois secrètement portestants, les politiciens, les avocats francophiles, hollandophiles, hostiles au fanatisme religieux. Ils furent surnommés les « Grognons » (grignoux en wallon).
Tour Dardanelle
Pont des Arches et Tour Dardanelle  

Le 29 novembre 1684, Maximilien Henri de Bavière promulgua le Règlement de 1684, acte compliqué conférant à 480 notables et à 96 artisans le droit d’élire les bourgmestres et les jurés. Dans la foulée :

  • Les milices bourgeoises sont abolies
  • Les 32 métiers perdent leurs privilèges politiques
  • Le prince s’attribue le droit exclusif de faire les règlements de police et de lever les taxes
  • La restauration monarchique est complétée par la réédification de la citadelle (démolie à la demande des Grignoux durant l’occupation française) et la construction, en travers du pont des Arches, de la Tour fortifiée Dardanelle.

Ces sévérités ne frappèrent que Liège. Le reste de la principauté continua, elle, à jouir des bienfaits de la Paix de Fexhe.

Principauté de Liège aux 16e et 17e siècles