Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Don Juan d’Autriche (1576-1578)


Après d’interminables hésitations, Philippe II s’était enfin décidé à donner pour gouverneur aux Belges son demi-frère, Don Juan d’Autriche. Juan était un bâtard né en 1547 des relations de Charles Quint avec une bourgeoise de Ratisbonne.

Plus que jamais désireux d’en finir, Philippe II comptait sur Don Juan pour vaincre les difficultés de la situation aux Pays-Bas. Dans ses instructions, le roi recommandait au nouveau gouverneur de se montrer conciliant, de parler français et de respecter les usages. Seule la religion devait le garder irréductible. Ceci ne correspondait pas aux ambitions de Don Juan, homme bouillant et emporté, qui ne rêvait que de batailles et de partir à la conquête de l’Angleterre pour épouser Marie Stuart, captive d’Elisabeth.

Don Juan d'Autriche Troupes espagnoles
Don Juan d’Autriche  
Source : Wikipedia
Le duc met les villes à feu et à sang 
Source : Quand la Belgique était espagnole, p. 67


La Pacification de Gand n’avait pas mis un terme au conflit entre catholiques et réformés ; il restait des points à finaliser avec le nouveau gouverneur. Ce ne fut pas chose facile car Don Juan n’appréciait guère l’attitude de commandement prise par les Etats Généraux. L’Union de Bruxelles (9 janvier 1577) finit par donner une interprétation résolument catholique à la Pacification ; le prince d’Orange et les Etats de Hollande-Zélande refusèrent tout naturellement d’y souscrire. L’Union de Bruxelles stipulait :

  • L’obéissance au roi
  • Le maintien exclusif, dans toutes les provinces, de la religion catholique.
Matthias de Habsbourg
Matthias de Habsbourg

Source : Wikipedia

Philippe II obtenait ainsi satisfaction sur le point qui lui tenait le plus à cœur. En retour, Don Juan publia, le 12 février 1577, l’Edit perpétuel de Marche-en-Famenne qui réalisait en grande partie le programme national du Compromis des Nobles

  • Les privilèges territoriaux seraient scrupuleusement respectés
  • Les Etats Généraux seraient réunis
  • Les troupes espagnoles quitteraient le territoire des Pays-Bas
  • Les protestants ne seraient plus soumis à un régime de terreur.

Il n’apparaissait pas clairement si le gouvernement allait tolérer la présence des protestants sous condition de ne pas causer de « scandale » ou si, par diverses mesures, il allait les éloigner du pays. De toute façon, le catholicisme seul devait régner publiquement aux Pays-Bas, même dans les provinces dissidentes. Pour les provinces du Nord, il ne faisait aucun doute que la lutte devait continuer …

Quant à Don Juan, il ne tarda pas à rompre ses engagements. Sous la pression de Guillaume le Taciturne, les Etats Généraux le destituèrent de son gouvernement qu’ils offrirent à Matthias, jeune frère de l’empereur Rodolphe II.

Don Juan battit l’armée des Etats à Gembloux mais il mourut le 1er octobre 1578 à l’âge de 31 ans, emporté par la fièvre typhoïde. Il avait désigné Alexandre Farnèse, son lieutenant et ami, comme successeur. Ce choix fut approuvé par le roi.

Règne de Philippe II