Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Le duc d’Albe (1567-1573)

 

Duc d'Albe
Le duc d’Albe 

Source : Encyclopédie Alpha, p. 117

Dès que les rumeurs concernant l’arrivée du duc d’Albe furent devenues certitude, le départ des protestants devint un exode qui entraîna plus de 100.000 personnes.

En attendant son arrivée, Marguerite de Parme devait rester en poste car le duc d’Albe ne serait que le commandant général des troupes. Dès leur première rencontre, Marguerite comprit qu’elle n’aurait aucune influence sur Albe : les explications données par le duc sur sa mission suffirent à lui faire pressentir le pire. Dès le 25 août, ne voulant pas être complice des crimes qui s’annonçaient, elle pria le roi de l’autoriser à se retirer. Fin décembre, elle rentra en Italie.

Nanti de pouvoirs illimités, le duc d’Albe commença à préparer minutieusement la réalisation de son programme de terreur.

Le Conseil des Troubles

Au mépris des libertés constitutionnelles, le nouveau gouverneur institua un tribunal composé d’une dizaine d’Espagnols : le Conseil des Troubles qui jugeait et condamnait non seulement ceux qui avaient pris part aux désordres, mais aussi ceux qui ne les avaient pas empêchés. Ce tribunal pouvait condamner sans preuves, par simple raison d’Etat.

Alors commença la Terreur Espagnole :

  • Près de 8.000 personnes furent exécutées et leurs biens confisqués
  • Les placards furent appliqués impitoyablement
  • De grandes citadelles-prisons furent construites à Anvers et à Flessingue
  • L’émigration fut interdite. Les nobles partis volontairement furent bannis à perpétuité
  • Les conseils de modération prodigués par le pape Pie V, par l’empereur Maximilien II et par le cardinal Granvelle furent inutiles
  • Les catholiques modérés tels que Berlaimont ou Viglius devaient se tenir à l’écart sous peine de disgrâce
  • Le Conseil d’Etat n’était plus convoqué.

Tribunal sous le duc d'Albe Exécution d'Egmont et de Hornes
Tribunal sous le duc d’Albe 
Source : Quand la Belgique était espagnole, p. 71
Exécution d’Egmont et de Hornes  
Source : Bruxelles, où est le temps, p. 138


Le Conseil des Troubles, bientôt nommé Conseil du Sang, fonctionnait sans trêve. Le 5 juin 1568, il fit périr sur l’échafaud les comtes d’Egmont et de Hornes pourtant catholiques et chevaliers de la Toison d’Or. En les frappant, Philippe II voulut montrer que sa colère n’épargnerait personne.

De nouveaux impôts …

Pour payer ses troupes, le duc d’Albe avait besoin d’argent et décida de remplacer les anciennes aides requérant l’accord des Etats Généraux par 3 nouveaux impôts, dont 2 seraient permanents :

  • Le centième denier (1%) prélevé une fois pour toutes sur la valeur de tous les biens
  • Le vingtième denier (5%) dû par le vendeur sur la vente des immeubles
  • Le dixième denier (10 %) perçu sur la vente de tous les biens meubles, marchandises et denrées alimentaires.

Des impôts très onéreux qui, plus est, frustraient les provinces de leur droit le plus précieux : le droit de subside, étroitement associé au droit de remontrance, l’instrument de contrôle des actes du souverain.

… engendrent une nouvelle résistance

Ces impôts provoquèrent immédiatement une vive opposition :

  • Les transactions commerciales cessèrent ; à Anvers, les exportateurs annulèrent les marchés qu’ils avaient passés avec les centres manufacturiers
  • Les boutiques et les ateliers restèrent fermés pour ne pas payer l’impôt
  • Les consommateurs s’abstinrent de boire de la bière

Devant cette résistance passive, le duc d’Albe menaçait de faire pendre les doyens des métiers au seuil de leur maison. Une lutte bien inégale s’engagea et semblait devoir se terminer par l’épuisement des protestataires … C’est alors qu’entrèrent en scène une nouvelle catégorie de résistants : les gueux des bois et les gueux de mer

  • Les gueux des bois étaient une bande de partisans, calvinistes sincères, comprenant également des fugitifs, des chômeurs et des aventuriers. Ils entreprirent une guérilla accompagnée de meurtres et de pillages
  • Les gueux de mer jouèrent, le long des côtes, le même rôle que leurs collègues gueux des bois dans les campagnes. Le prince d’orange leur donna une patente de corsaire de sorte que, lorsqu’ils étaient en difficulté, ils pouvaient se réfugier en Angleterre. Ils réussiront à s’emparer du petit port de La Brielle.

Entre-temps, le prince d’Orange s’était entièrement voué à la cause de l’affranchissement des Pays-Bas en recherchant des appuis étrangers :

  • Des huguenots français
  • Les princes réformés du Saint-empire
  • Des sujets anglicans de la reine Elisabeth d’Angleterre
  • Des mercenaires allemands

Les Gueux de mer prennent La Brielle Le duc d'Albe met les villes à feu et à sang
Les Gueux de mer prennent La Brielle  
Source : Wikipedia
Le duc met les villes à feu et à sang 
Source : Quand la Belgique était espagnole, p. 71


Il prit ensuite les armes contre le gouverneur et se plaça à la tête de la rébellion. Grâce à la victoire de La Brielle, la Hollande et la Zélande tombèrent aux mains des insurgés.

Le duc d’Albe entreprit alors une lutte acharnée et implacable, pillant et mettant à feu et à sang de nombreuses villes. Mais il ne parvint pas à mater l’insurrection. Reconnaissant son échec, il demanda lui-même son rappel en Espagne, laissant derrière lui une réputation épouvantable.

Règne de Philippe II