La question wallonne
Coq hardi wallon
Le mouvement flamand provoqua en Wallonie un certain malaise dès l’application de la loi instaurant le bilinguisme en 1898. Depuis, la population francophone du pays manifesta la crainte d’être lésée à son tour. Tandis que des associations pour la défense de la langue française se créaient dans les grandes villes flamandes, un mouvement wallon se développa à partir de 1870.
Les victoires du mouvement flamand furent alors perçues par certains comme un danger pour la culture française et une tentative de mainmise sur l’Etat belge.
- Les Wallons, unilingues, étaient nombreux dans la fonction publique à Bruxelles et en Flandre. Ils se sentirent menacés dans leur emploi et craignaient l’extension du bilinguisme dans la partie francophone du pays
- La méfiance grandit encore davantage lorsqu’il apparut que le parti catholique s’installait durablement au pouvoir grâce à l’électorat clérical de Flandre.
Plusieurs congrès furent organisés dans le but de maintenir la suprématie du français en matière culturelle et d’emploi. En 1910, le mouvement wallon se cristallisa fortement pour protester contre le projet de flamandisation de l’université de Gand.
Un tournant se produisit en 1912 après les élections législatives. Alors qu’ils étaient majoritaires en Wallonie, les socialistes et les libéraux durent à nouveau laisser le pouvoir aux catholiques, grands vainqueurs grâce à l’électorat flamand. A partir de ce moment-là, les Wallons prirent conscience de leur minorisation politique et se déterminèrent à élaborer un programme de défense des intérêts wallons.
Après bien des débats passionnés, le congrès national wallon se prononça pour la séparation administrative entre la Flandre et la Wallonie. C’est précisément à cette époque que le député socialiste de Charleroi, Jules Destrée publia sa fameuse lettre au Roi où il lança la formule devenue célèbre :
« Sire, vous régnez sur 2 peuples. Il y a en Belgique des Wallons et des Flamands, il n’y a pas de Belges ».
Le texte intégral de cette lettre est à consulter sur la page "Lettre au Roi sur la séparation de la Wallonie et de la Flandre".
Devenu le principal chef de file du mouvement wallon, Jules Destrée s’emploiera, avec quelques autres personnalités, à sensibiliser l’opinion aux problèmes de la Wallonie et à structurer le mouvement.
Jules Destrée Histoire de Belgique en mots et en images, p. 115 |
Lettre de Jules Destrée au roi |
Liste des chapitres :
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Avant l'indépendance de 1830
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La francisation de 1830
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Le mouvement flamand
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La question wallonne
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La question de l'université flamande
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Les Flamands revendiquent l'unilinguisme en Flandre
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Le nationalisme flamand
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La montée des tensions entre Flamands et Wallons
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La Wallonie s'inquiète
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Le contentieux communautaire devient un casse-tête
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La Belgique devient un Etat fédéral