Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La vie quotidienne


Dans ce chapitre, nous aborderons 2 aspects relevant de la vie quotidienne d’une partie de la population, à savoir celle qui disposait de revenus suffisants pour, d’une part, s’adapter à l’évolution de la mode vestimentaire et, d’autre part, pour consommer une boisson qui sera amenée à faire la réputation de leur futur pays : la bière !

L’habillement

Dans les classes aisées, une des causes principales de dépenses se situait dans le goût immodéré pour la toilette. Pendant 40 ans environ, les modes viendront du Saint-Empire.

Pour les hommes, il était de bon ton de porter :

  • De grands bérets festonnés à plumes d’autruche
  • Des vestes à manches bouffantes, tailladées de façon à laisser voir le beau linge de corps blanc
  • Des chausses formant des bouillons étagés, zébrés de crevés comme les manches
  • D’avoir le visage glabre et encadré de cheveux mi-longs

Les dames, quant à elles, se plaisaient à disposer

  • De jupes rigides, en forme de cloche
  • De corsages à longues manches ouvertes
  • De petites coiffes, escoffions ou béguins, s’adaptant à la chevelure partagée en bandeaux
  • Comme au siècle précédent, elles portent une profusion de bijoux : longues boucles d’oreilles, chaînes d’or à plusieurs rangs, joyaux sertis dans les brocarts

Mode féminine sous Charles Quint Vertugadin
La mode féminine Vertugadin 
Source : Wikipedia


Peu avant l’abdication de Charles Quint, la mode s’adapta au goût espagnol

Les hommes

  • Rasèrent leur chevelure
  • Portèrent la barbe en pointe et la moustache fournie
  • Leur cou s’emprisonna dans une fraise en « roue de carrosse » à replis tuyautés
  • Le pourpoint « en bosse de polichinelle » s’orna à sa partie antérieure d’un busc rembourré
  • Les chausses étaient devenues énormes : on les portait « à l’espagnole », toutes rembourrées de crin
  • Une toque et une cape parachevaient l’ensemble de ces accoutrements

Les femmes, déjà immobilisées par le busc, s’emprisonnèrent le bas du corps dans des vertugadins, s’élargissant en forme de tonneau autour des hanches. Le poids de ces vêtements encombrants expliquait l’engouement croissant du monde féminin pour les chaises à porteur !

Une boisson en vogue : la bière !

Qu’il soit Flamand ou Wallon, le Belge a toujours apprécié la bière et, de nos jours encore, la Belgique est particulièrement renommée pour ses bières de qualité. Arrêtons-nous donc un instant sur le passé de ce précieux liquide moussant et remontons le temps de quelques siècles pour flâner, par exemple, dans les rues de Bruxelles.

Brasserie au 16e siècle
Brasserie au 16e siècle

Les Bruxellois moyens buvaient pas mal de bière, pour des raisons prophylactiques disaient-ils car l’eau des fontaines n’était pas toujours de bonne qualité. Savaient-ils pour autant que les brasseurs puisaient leur eau dans la Senne, la rivière qui traverse Bruxelles et récolte au passage les eaux usées ? A n’en pas douter, les multiples opérations de brassage à chaud étaient suffisamment sophistiquées pour éliminer les bactéries !

Les Bruxellois se fournissaient principalement dans l’une des nombreuses petites brasseries qui existaient en ville. Ces brasseries portaient toutes des noms différents tels que :

  • L’Echiquier, à la rue des Pierres
  • L’Ange, au marché aux Poissons
  • Le Bouclier Vert, près du marché aux Grains
  • Plusieurs près de la chaussée de Louvain : La barbe, Le Paradis, L’Arc-en-Ciel, La Couronne de Roses.

Celui qui ne trouvait pas son bonheur dans la bière locale, pouvait consommer des bières hollandaises, allemandes ou anglaises. La bière bruxelloise, quant à elle, était brassée sur le principe de l’orge, du blé et de l’avoine, ou carrément de ces trois éléments ensemble.

Acheter ou vendre de la bière entraînait le paiement de taxes qui assuraient à la ville de coquets revenus. Comme les fraudes étaient importantes, les échevins avaient installé une équipe de contrôleurs. Ils allaient vérifier sur place chez les brasseurs la quantité de bière contenue dans les chaudières. Après 1459, lorsque la ville était aux prises avec de gros besoins d’argent, les vérificateurs-mesureurs durent faire des inspections jusque dans les hangars et les greniers des brasseurs-pirates.

Déjà à l’époque, les Belges étaient passés maîtres dans l’art de contourner les lois. Pour esquiver les taxes sur la bière, ils fréquentaient les auberges situées hors de la zone urbaine qui n’étaient pas soumises à la taxe municipale. Cette taxe formait en effet une part substantielle du prix de vente, pouvant aller jusqu’à 25 % en période de crise. Ceci explique qu’une quantité importante de bière était produite dans des brasseries situées à Boondael, un hameau d’Ixelles qui doit, pour une bonne partie, son développement aux brasseries qui y étaient fixées.

Dans le courant du 17e siècle, le nombre de brasseries s’accrut.

  • Koekelberg en comptait 8
  • Uccle : 9

En 1617, il n’y avait pas moins de 73 maîtres-brasseurs. Ils produisaient en moyenne 160.000 tonnes de bière légère appelée « cuyte ». La plupart de ces brasseries étaient situées le long de la Senne ou dans les environs de la rivière. C’est d’ailleurs dans cette région qu’on brassera bien plus tard une bière portant un nom qui évoque le 16e siècle : la Gueuze. Cette bière consiste en un mélange de 2 types de bières Lambic, laquelle bière Lambic aurait déjà, selon la légende, désaltéré Charles Quint au même titre que sa version sucrée, la Faro.

Le pot de Charles Quint
Le pot de Charles Quint 

La route de la bière belge

A l’époque de Charles Quint, la bière se buvait dans des récipients en bois. Mais, ici aussi, la légende a fait son œuvre en nous transmettant l’histoire du « pot historique de Charles Quint » :

Alors que des répétitions étaient en cours en vue de la visite annoncée de l’empereur, grand amateur de bière, il fut constaté que Charles Quint aurait bien du mal à saisir son pot puisque l’aubergiste le tenait déjà par sa seule anse. La solution semblait alors évidente : il fallait munir le pot d’une deuxième anse ! Le résultat ne fut cependant pas à la hauteur des espérances puisque cette fois-ci l’aubergiste tint la chope par ses 2 anses, pour une question d’équilibre prétendit-il. Il ne restait alors plus qu’à ajouter à la hâte une troisième anse et, lorsque vint le jour de la visite impériale, l’aubergiste présenta fièrement le pot à Charles Quint … en gardant toutefois la troisième anse tournée vers lui-même !!!

Pour les visiteurs que le sujet intéresse, nous conseillons de visiter le site que nous avons consacré à une collection de chopes en verre. En cliquant sur le lien http://www.chopescollection.be/fr/provtt.php?idprovince=19 vous obtiendrez la liste des brasseries bruxelloises présentes dans la collection. Un clic sur chacun des liens vous donnera un aperçu des différentes chopes mises en circulation par ces brasseries au 20e siècle.

Charles Quint et son empire