Les étapes de la guerre
Les Français se préparaient à une guerre rapide le long du Rhin comme en 1870.
Mais en Allemagne, on voulait appliquer le plan Schlieffen mis au point en 1905 et qui devait permettre de neutraliser la France en 6 semaines en utilisant la Belgique pour encercler l’armée française et s’occuper, dans un deuxième temps, de la Russie plus lente à mobiliser.
Ce plan échoua pour 2 raisons :
- La Belgique, respectant le devoir de stricte neutralité qui lui avait été imposé en 1831, fit obstruction au passage des troupes allemandes
- Contrairement aux prémonitions allemandes, la Russie parvint à mobiliser plus rapidement que prévu
La guerre échelonna, dès le début, les armées des belligérants suivant des lignes de proportions kilométriques inconnues jusque-là et qui constituèrent les fronts
- Le front occidental allant des Vosges à Nieuport
- Le front oriental déterminé par une ligne allant de la Mer Noire à la Mer Baltique
- Le front austro-italien se forma plus tard le long de la frontière occidentale de l’Autriche, de Trieste au Trentin.
Aux batailles du début livrées en rase campagne (guerre de mouvement) va succéder la longue et monotone guerre des tranchées (guerre de position)
La guerre de mouvement (août –octobre 1914)
Sur le front oriental
Le maréchal Hindenburg
Source : Wikipedia
- Le maréchal Hindenburg inflige une sanglante défaite aux Russes à Tannenberg, en Prusse orientale (29 août).
- Le mois suivant, les Autrichiens se firent battre par les Russes à Lemberg, tandis que les Serbes les expulsaient de leur pays
Sur le front occidental
- En Belgique, les troupes sont mobilisées le 31 juillet et l’ultimatum allemand du 2 août est rejeté le lendemain. L’armée belge se porte sur Liège où des fortifications barrent la route vers la France. Elle envisage de faire la jonction avec les alliés sur la ligne « Gette-Namur-Meuse ».
Avec ses 130.000 hommes, la Belgique est impuissante face aux 500.000 Allemands. La résistance belge a cependant permis de rendre l’invasion de la France impossible par la route « Escaut-Oise ».
- En France la guerre commence par une offensive française en Alsace-Lorraine, mais elle est suivie d’un repli sur la ligne « Verdun-Nancy-Belfort »
- Bataille des frontières (21-23 août) : l’armée belge freine les Allemands dans le Hainaut, le Namurois et le Luxembourg mais le commandement français commet plusieurs erreurs qui désorganisent les alliés, gênés en partie par l’exode de la population civile. Paris est menacée par les avant-gardes allemandes et le gouvernement français se réfugie à Bordeaux. La défense de Paris est confiée à Gallieni.
- Bataille de la Marne (6-12 septembre 1914) : les Allemands espèrent éloigner les Français de Paris mais Gallieni et Joffre organisent une contre-offensive entraînant l’échec définitif du plan Schlieffen.
- Les batailles de Flandre inaugurent la course à la mer à partir du 15 octobre. Les Allemands cherchent à contrôler les côtes (Calais, Boulogne et Dunkerque) afin de couper les Anglais de leurs bases.
Inondations de l’Yser
Source : La Patrie belge, 1830-1930, p. 128
- En Belgique, pendant que les adversaires étaient impliqués dans la course à la mer, les Allemands s’emparèrent de la place forte d’Anvers et obligèrent les Belges à se replier derrière l’Yser (bataille de l’Yser du 15 octobre au 17 novembre 1914). Réduite à 80.000 hommes, l’armée belge tint ferme jusqu’à l’arrivée des troupes françaises. L’inondation artificielle de la région de l’Yser força les Allemands à se diriger vers Ypres afin de se rendre maîtres de Calais. Mais les jeunes recrues allemandes furent exterminées par l’artillerie anglaise.
A la fin de l’année 1914, les belligérants réalisent que la guerre risque d’être longue car :
- Aucune victoire n’a été décisive
- Les fronts sont flottants
- De plus en plus de nouveaux partenaires entrent en guerre (Empire ottoman, Japon, Italie)
- L’entrée en guerre de l’Empire ottoman menace l’approvisionnement matériel de la Russie et le transit des matières premières par le canal de Suez.
La guerre prend une nouvelle forme : les troupes se terrent dans des tranchées …
La guerre de position
La vie dans les tranchées est terrible : l’humidité, le froid, la faim, les maladies et les poux sont autant de calamités qui s’abattent sur les soldats qui se dépêtrent tant bien que mal dans une boue qui leur colle au corps. A partir de 1915, la plupart des fronts sont stabilisés alors que commence une guerre d’usure et de destruction.
L’année 1915 est marquée par :
- L’entrée en guerre de l’Italie et de la Bulgarie.
- La tentative, pour les flottes des alliés, de forcer le détroit des Dardanelles mais elles échouent. Les Français et les Anglais installent leur armée d’Orient à Salonique
- Les batailles autour d’Ypres en Flandre. les Allemands y utilisent une nouvelle arme : les gaz asphyxiants
Tranchées de l’Yser Histoire illustrée de la Belgique, p. 172 |
Attaque par gaz asphyxiants La Nouvelle Encyclopédie, p. 1513 |
En 1916, la bataille de Verdun va durer 250 jours !
- Les Allemands l’avaient soigneusement préparée en établissant un réseau de voies de communication et de chemins de fer qui devaient amener les approvisionnements de toute espèce à 500 mètres des premières lignes. Leur artillerie lourde comprenait 2.500 canons. L’objectif des Allemands était de saigner l’armée française qu’ils croyaient à bout de souffle.
- Les Français, eux, préparaient une offensive sur la Somme et ne prêtèrent pas attention aux informations faisant état d’une attaque imminente sur Verdun ; la place était dès lors dépourvue de pièces d’artillerie et de troupes.
- L’attaque commença le 21 février par un tir d’artillerie et une attaque allemande sur la rive droite de la Meuse.
- Joffre, provisoirement commandant en chef des armées françaises, confie Verdun à Pétain. Celui-ci donne la priorité aux communications pour garantir le ravitaillement des troupes. Pendant plusieurs mois, une bataille hallucinante va se dérouler : les troupes engagées, souvent coupées de toute communication, ne se battent plus de tranchée à tranchée, mais de trou d’obus à trou d’obus. Le sol est ravagé ; les pertes sont terribles ; des régiments entiers sont anéantis sur des fronts de quelques centaines de mètres.
- L’attaque allemande s’essouffle mais la bataille se poursuit sur les 2 rives de la Meuse parce que le commandement français veut conserver ses troupes pour l’offensive alliée prévue sur la Somme.
- La bataille de Verdun prend fin le 15 décembre 1916. Le bilan sera l’un des plus lourds de la Première Guerre mondiale : 700.000 morts !
Bataille de Verdun Wikipedia |
Philippe Pétain |
Bataille de la Somme Wikipedia |
La bataille de la Somme est lancée le 1er juillet 1916 ; elle durera jusqu’au 18 novembre et symbolisera l’horreur et l’apparente vanité de la guerre :
- Près de 20.000 soldats britanniques sont tués en une seule journée
- En 10 jours, les alliés parviennent à avancer d’à peine 10 km
- En 5 mois de combats, la bataille totalisera plus de 1.000.000 de victimes, tous camps confondus, pour un résultat insignifiant.
- Par ailleurs, Verdun doit son salut à l’offensive de la Somme qui a obligé les Allemands à affecter une partie de leurs troupes à ce deuxième front. Les Français sont dès lors libres de lancer une contre-offensive et de reprendre le fort de Douaumont. Les Allemands, définitivement dépassés, ne pourront plus revenir dans la bataille.
L’année 1917 est marquée par de grands bouleversements :
- Les Etats-Unis entrent en guerre le 2 avril 1917
- L’Allemagne est passée à la guerre sous-marine à outrance et attaque les bateaux américains dans l’espoir de neutraliser rapidement la Grande-Bretagne qui gêne par son blocus maritime. Le fait d’avoir coulé plusieurs cargos américains amène Wilson à déclarer la guerre. A partir de ce moment, les belligérants auront des attitudes très différentes :
- Les empires centraux multiplient les opérations pour réduire les Alliés avant l’arrivée des Américains
- Les Alliés temporisent en attendant l’arrivé des soldats américains
- Le télégramme Zimmermann (ministre allemand des Affaires Etrangères) du 16 janvier 1917 est intercepté par les services secrets anglais qui le déchiffrent et en communiquent la teneur aux Américains : Zimmermann, prévoyant l’entrée en guerre des Etats-Unis, propose une alliance avec le Mexique contre la promesse de récupérer les territoires perdus en 1848 (Texas, Nouveau-Mexique et Arizona)
- L’Allemagne est passée à la guerre sous-marine à outrance et attaque les bateaux américains dans l’espoir de neutraliser rapidement la Grande-Bretagne qui gêne par son blocus maritime. Le fait d’avoir coulé plusieurs cargos américains amène Wilson à déclarer la guerre. A partir de ce moment, les belligérants auront des attitudes très différentes :
Télégramme Zimmermann codé Wikipedia |
Décryptage partiel du télégramme Zimmermann Wikipedia |
- Les révolutions russes de 1917 provoquent la désintégration du régime tsariste et l’installation d’un gouvernement bolchevik qui décide le cessez-le-feu immédiat et la conclusion de l’armistice de Brest-Litovsk en Biélorussie.
- Mutineries dans le camp français suite au désastre de la bataille du Chemin des Dames. Ce phénomène intervient après 2 ans de guerre sans véritable avancée et se traduit surtout par des refus d’attaquer et non de défendre.
L’année 1918 commence favorablement pour les empires centraux :
- Les négociations de paix commencées à Brest-Litovsk le 2 décembre 1917 s’achèvent le 3 mars 1918. Lénine, conscient de la nécessité d’affermir le régime fait d’énormes concessions : la Russie renonce à la Pologne, à la Lithuanie, à la Courlande (région de la Lettonie), à la Livonie (péninsule lettone), à l’Estonie et concède de gros avantages économiques à l’Allemagne.
- La Roumanie, envahie et privée de l’appui russe, est contrainte de signer la paix le 7 mai 1918 (traité de Bucarest)
- Durant quelques mois, l’Allemagne a une nette supériorité en hommes qu’elle veut exploiter pour emporter la victoire décisive avant l’intervention américaine (conception Ludendorff) :
- Les Allemands attaquent dans la région de Saint-Quentin pour briser la jonction entre les fronts anglais et français mais ils échouent devant Amiens
- Les Alliés, qui comprennent le risque d’un commandement divisé, confient la direction des opérations à Foch qui devient général en chef des armées alliées
- Ludendorff, sentant que la résistance s’organise, cherche à frapper ailleurs (Armentières, Château-Thierry, Chemin des Dames), mais l’offensive s’essouffle sans percer …
L’année 1918 marque un tournant favorable aux Alliés :
- L’offensive lancée par Ludendorff en Champagne le 15 juillet est arrêtée le 18 parce que les troupes allemandes s’enfoncent dangereusement au Sud de la Marne.
- Le 18 juillet, les alliés se lancent dans la contre-offensive et récupèrent tout le terrain pris par les Allemands depuis l’attaque du Chemin des Dames
- Foch décrète qu’il est temps de passer à l’offensive et prévoit une série d’attaques pour dégager les voies ferrées Paris-Amiens et Paris-Nancy. Ensuite, il lance une offensive sur l’ensemble du front.
- En novembre 1918, les Allemands n’occupent plus qu’un lambeau de territoire français et n’alignent plus que 17 divisions face aux 100 divisions de Foch
- Pendant que Foch libérait presque tout le Nord de la France et une partie de la Belgique, les centraux additionnent les défaites :
- La Bulgarie est vaincue en Macédoine
- La Turquie est défaite en Palestine
- L’Autriche, abandonnée à ses seules forces, s’effondre à Vittorio-Veneto, anéantie par les Italiens
Le maréchal Foch Encyclopédie Alpha, p. 2586 |
Ludendorff |