La vie économique

Grâce à sa situation privilégiée dans l’empire, la Belgique carolingienne était devenue l’un des centres les plus actifs de la vie économique en Europe occidentale. L’économie domaniale y reste dominante mais le commerce se développe dans les bassins de la Meuse et de l’Escaut.

La proximité de la cour d’Aix-la-Chapelle avait suscité un vaste mouvement commercial. Des bateaux transportant toutes sortes de marchandises sillonnaient l’Escaut, la Meuse et le Rhin :

• Les marchands, que l’empereur avait exemptés de tout impôt, apportaient aux fonctionnaires, aux seigneurs et aux abbayes des produits orientaux
• Au nouveau portus de Gand, en Flandre, les marins frisons venaient chercher des tissus
• Dans la vallée de la Meuse, on vendait des produits métallurgiques

Le niveau de vie de la population s’améliora de façon significative sous Charlemagne, particulièrement pour les Belges habitant près des abbayes, des portus, des marchés agricoles et des centres où l’on battait monnaie (entre Verdun et Maastricht).

Le développement du commerce allait semer les germes de nouvelles villes, au départ d’un portus ou au croisement d’une route et d’un cours d’eau à l’endroit où ce dernier cessait d’être navigable. C’était le cas pour Gand, Bruxelles, Louvain, Nivelles et Liège qui cessèrent d’être seulement des débarcadères au rôle passif d’étapes.

Quelques inventions

• Dans le domaine agricole, une invention très importante a révolutionné la vie des paysans : l’assolement triennal. Ce système de culture consiste à exploiter un champ en 3 phases bien distinctes :
  • La première année, on l’ensemence de blés d’automne
  • L’année suivante, de céréales de printemps
  • La troisième année, on le laisse au repos, en jachère.
• Ainsi, on ne cultive donc que les deux tiers des terres arables. Cette méthode féconde ne sera à peu près utilisée qu’en Belgique durant tout le Moyen âge.
• Les moulins à eau se multiplient dans notre pays. Ils remplacent les lourdes meules de pierre que faisaient tourner les esclaves ; c’est désormais la rivière qui fournit l’énergie motrice pour broyer le blé.
• Une invention très importante atteint la Belgique au 8^e siècle : la combinaison du fer à cheval et de l’étrier. Jusque là, le cavalier ne pouvait tenir sur son cheval qu’à force d’équilibre. Ne disposant pas d’étriers pour s’y appuyer, il ne pouvait se servir ni d’une épée lourde, ni d’une lance et, à plus forte raison, il se voyait interdire le port d’une cuirasse ou d’un bouclier de fer. L’invention de l’étrier permet à un homme pesamment armé de se tenir solidement sur sa selle. Aussitôt les combattants se bardent de métal et il en résulte une transformation complète de l’art de la guerre.

Monnaie, poids et mesures

Le commerce est handicapé par l’absence d’une monnaie stable et d’un bon système de poids et mesures.

• En 789, Charlemagne décide d’imposer à tous ses peuples la livre de 491gr utilisée par les moines du Mont Cassin pour peser le pain.
• 8 ans auparavant, il s’était livré à une opération financière de toute grande envergure : le retrait des innombrables monnaies d’or ou d’argent et leur remplacement par une pièce d’argent divisée elle-même en 240 deniers. Frappée à ses initiales, cette monnaie sera « Acceptée par tous, en tout lieu, toute cité, tout marché ».
  • Les contrevenants sont frappés de sévères amendes ou même flagellés, nus, devant la foule.
  • Les comtes qui n’appliqueront pas, dans les délais fixés, la réforme monétaire dans la province qu’ils gouvernent, seront privés de leur fonction.

Une fois sacré empereur, Charlemagne fera frapper des pièces où on le verra couronné de lauriers et le visage entouré de cette inscription latine « Renovatio Romani Imperii »

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