L’Héritage de Charlemagne
Charlemagne s’est éteint le 28 janvier 814 à l’âge de 72 ans, au terme de 46 années de règne. Il fut enterré dans la basilique d’Aix-la-Chapelle, accompagné de ses attributs impériaux (Couronne, sceptre et manteau pourpre).
Pas plus que le royaume de Clovis, l’empire de Charlemagne ne va résister longtemps à l’emprise du temps. Dans un premier temps, la succession de Charlemagne ne pouvait susciter de conflit puisque, depuis le décès prématuré de Pépin en 810, il ne lui restait qu’un seul fils, Louis 1er, déjà associé au gouvernement de l’empire depuis 813.
Mais les choses simples ne restent jamais simples très longtemps ! Un coup d’œil à la généalogie des Carolingiens permettra de situer les différents acteurs qui ne tarderont pas à se disputer une part de ce magnifique héritage …
Louis 1er le Pieux, dit aussi le Débonnaire (778-840)

Louis le Débonnaire
Source : Wikipedia
Louis le Débonnaire est né en 778 alors que Charlemagne entreprenait une expédition militaire vers l’Espagne. Son frère jumeau, Lothaire, mourra peu de temps après sa naissance.
Le Pieux, le Débonnaire, pourquoi ?
N’étant pas le fils aîné de Charlemagne, Louis avait été destiné à la vie monastique et donc instruit dans la religion. A sa cour, il s’est d’ailleurs entouré principalement de prélats et de clercs pour le conseiller dans sa politique religieuse. Le surnom est venu tout naturellement : on parlera de lui en tant que « Louis le Pieux ».
Mais, quoique prince éclairé, Louis était également sans grande énergie et ne parvenait pas facilement à faire respecter son autorité, même par ses enfants. On ne tarda pas à lui trouver un second surnom : Louis le Débonnaire. Au cours des siècles qui suivirent, c’est surtout sous ce terme que chroniqueurs et historiens parleront de lui le plus souvent.
Son règne
Louis le Débonnaire avait les nerfs fragiles ! Sans transition, il passait d’un excès à l’autre : de la colère cruelle à l’humilité mélancolique, de la passion sensuelle à la bigoterie ridicule. En des mains aussi maladroites, l’héritage de Charlemagne était condamné à l’effritement : la valeur de l’empereur conditionnait la stabilité de l’empire …
Au début de son règne, il prit une décision de portée significative : par l’ « Ordinatio imperii » de 817, il créa le droit d’ainesse. Lothaire seul devait ainsi hériter du titre impérial tandis qu’à ses 2 autres fils étaient destinés les sous-Etats d’Aquitaine et de Bavière érigés en royaumes vassaux. Tout alla relativement bien jusqu’au moment où naquit Charles, issu d’un second lit. La pomme de discorde était jetée dans l’empire quand la nouvelle impératrice exigea que Charles soit placé sur le même pied que les 2 autres fils de Louis. Intrigues et complots amenèrent successivement la disgrâce et le retour de Lothaire ainsi que la déposition et la restauration de Louis le Débonnaire.
Sous Louis le Débonnaire, l’empire entame un inévitable déclin pour les raisons suivantes :
- L’empire, trop vaste, n’est plus géré de main de maître
- Il groupe des peuples très différents souvent en révolte
- Les comtes obéissent de moins en moins à l’empereur
- Les rivalités familiales et les partages successifs causent le désordre et la contestation.
Succession de Louis le Débonnaire – Le Traité de Verdun
L’empire fit les frais de la querelle. A la mort de Louis le Débonnaire en 840, il n’était plus question d’Ordinatio imperii ; les belligérants continuèrent à se battre de plus belle pendant 3 ans. En 843, lassés par les guerres fratricides, Lothaire, Louis le Germanique et Charles le Chauve conclurent le Traité de Verdun en 843 :

Le partage de Verdun
Source : Mémento historique, dossier 2, p. 10
- Lothaire reçut, avec le titre impérial mais sans privilèges sur ses frères, les territoires à l’Ouest du Rhin jusqu’à l’Escaut, la Haute Meuse et la Saône (Francie Médiane)
- Louis le Germanique s’attribua l’Est de cette longue bande (Francie Orientale)
- Charles le Chauve prit l’Ouest (Francie Occidentale).
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Lothaire | Charles le Chauve | Louis le Germanique |
En 843, l’empire n’était donc plus que l’ombre de lui-même et le rêve de voir l’Europe unie sous la domination d’un Etat fort disparut à jamais.
La Belgique, quant à elle, se trouvait divisée par une frontière politique Nord-Sud qui suivait, sur sa grande longueur, le cours de l’Escaut :
- Les territoires situés à l’Ouest de cette ligne dépendaient du royaume de Francie Occidentale
- Ceux à l’Est, étaient incorporés dans le royaume de Francie Médiane.
Au cours de l’Histoire, peu de traités ont eu des conséquences aussi considérables que le Traité de Verdun :
- La part de Charles, avec ses populations romanes, sera à l’origine de la France
- La part de Louis, avec ses populations germaniques sera à l’origine de l’Allemagne
- Par contre, le territoire de Lothaire, qui manquait déjà d’unité, sera encore morcelé davantage après sa mort.
Les tribulations de la Francie Médiane
Voir aussi : Généalogie des Carolingiens
Peu de temps avant sa mort, Lothaire 1er décida de partager son territoire entre ses 3 fils :
- Louis II reçut l’Italie et le titre impérial
- Charles reçut la Provence jusqu’à Lyon
- Lothaire II reçut tout le reste du territoire que l’on nomma « Regnum Lotharii » ou Lotharingie.
Charles mourut en 863 et son royaume fut partagé entre ses 2 frères, Louis et Lothaire. Lorsque ce dernier vint à mourir en 869, ses oncles, Charles le Chauve et Louis le Germanique, profitèrent de l’absence de Louis, en guerre contre les Musulmans, pour se partager l’héritage de Lothaire II (Traité de Meersen). L’Ourthe et la Meuse formèrent alors la nouvelle frontière.
Partage du territoire de Lothaire 1er Partage de la Lotharingie
A la mort de Louis le Germanique en 876, Charles le Chauve crut pouvoir occuper toute la Lotharingie. C’était sans compter sur la détermination de Louis le Jeune qui, par sa victoire à Andernach en 880, maintint la Lotharingie réunifiée dans le giron du futur empire d’Allemagne, avec l’Escaut pour frontière.Une grande rivalité persistera entre la France et l’Allemagne pour posséder définitivement ces territoires ; la Belgique leur servira bien souvent de champ de bataille !
Alors que l’empire de Charlemagne se disloquait, le 9e siècle sonna également l’heure d’une vague d’invasions encouragée par la faiblesse des derniers Carolingiens.