Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

La vie économique


Le règne de Charles Quint s’inscrit dans une phase de prospérité. L’économie, fondée sur les échanges de plus en plus intenses, passait pour être la plus moderne de l’Occident à cette époque.

Port d'Anvers
Le port d’Anvers  

Bruges fut définitivement détrônée en tant que centre économique par la jeune métropole anversoise. Déjà sérieusement menacée par l’ensablement du Zwin, elle avait reçu le coup de grâce lorsque Maximilien se vengea de sa capture en accordant à Anvers de grands avantages qui ne tardèrent pas à attirer les marchands étrangers. En 40 ans, Anvers abritait plus de 1.000 firmes réparties entre diverses nations. Elle ne tarda pas à devenir « l’entrepôt de l’univers ».

C’est à Anvers que :

  • Les marchands anglais, allemands, français et scandinaves achetaient les épices venues des Indes par l’intermédiaire des facteurs portugais et espagnols.
  • C’est là que s’échangeaient l’alun, les soies et les velours d’Italie, les laines anglaises, les vins de France contre les blés de la Baltique, les tissus de la Flandre gallicante, les métaux travaillés du pays de Liège, les œuvres d’art du milieu anversois
  • C’est là qu’Espagnols et Portugais, soudainement enrichis par leur expansion colonisatrice, venaient acheter les objets nécessaires à l’existence, y compris leurs batteries de cuisine !
  • En relation avec les marchands flamands établis à l’étranger, Anvers correspondait aussi avec les comptoirs coloniaux du Brésil, du Pérou, de la Chine
  • Les grandes banques de Toscane, de Lombardie, d’Ulm et d’Augsbourg y avaient d’importantes succursales. En 1540, le marché financier anversois était supérieur en importance à ceux de Gênes et d’Augsbourg, patrie des Fugger !
Les Fugger d'Augsburg
Les Fugger d’Augsburg  

Tous ces produits se négociaient autour de la Bourse d’Anvers construite en 1531. Elle deviendra rapidement une bourse essentiellement financière qui contribuera à faire de la ville un grand centre de trafic de l’argent :

  • Des banquiers étrangers, par exemple les Fugger d’Augsbourg, y installèrent des succursales
  • Les méthodes financières se perfectionnèrent : avec l’endossement, la lettre de change devint un instrument de crédit plus souple.

Les Anversois eux-mêmes, se bornaient au rôle de courtiers et d’entrepositaires. Ils se consacraient notamment :

  • Au travail des pierres précieuses,
  • Au raffinage du sucre
  • A l’apprêt et à la teinture des draps envoyés bruts d’Angleterre.
  • A l’imprimerie
  • A la verrerie

Bruges ne fut pas réduite à la misère pour autant. Elle conserva l’étape des laines espagnoles et resta, après Anvers, la ville des Pays-Bas où la richesse mobilière était la plus grande.

Amélioration des moyens de communication

Franz von Thurn & Taxis
Franz von Thurn und Taxis 

Depuis le 14e siècle, il n’existait plus de barrières douanières entre les différentes principautés. A l’intérieur, la sécurité s’était accrue et les voies de communication se multiplièrent.

  • Percement de plusieurs canaux  parmi lesquels :
    • Celui qui relie Bruxelles à Willebroek. Les travaux s’échelonnèrent sur 11 ans (de 1550 à 1561). Ce nouveau canal bénéficia d’une invention extraordinaire : les écluses
    • Après le châtiment infligé à Gand (voir plus loin), Charles Quint désira cependant lui garder sa prospérité et il ordonna le creusement d’un canal qui la reliera à une crique de l’Escaut Occidental près de Terneuzen.
  • Organisation d’un service international de la poste à partir de 1516. L’octroi fut accordé, sous forme de monopole, aux princes de la Maison Thurn & Taxis

L’industrie

L’industrie linière est favorisée par le régime de la libre concurrence qui permet à de nouvelles industries de remplacer celles de jadis :

  • Développement de l’industrie linière dans les vallées de la Dendre, du Haut-Escaut et de la Lys
  • Fabrication de tissus de toile légère à Gand avec exportation vers l’Amérique espagnole.

Dans le domaine de la draperie rurale, et particulièrement dans le Sud de la Flandre, les laines espagnoles sont transformées en étoffes légères, de qualité assez médiocre : les serges et les sayettes

Dans le Borinage, l’Entre-Sambre-et-Meuse, le Namurois et le pays de Liège, l’industrie houillère et métallurgique prend de l’extension :

  • Les charbonnages sont encore peu profonds (40 à 100 mètres)
  • Le long des cours d’eau apparaissent des « marteaux à fer » actionnés par des moulins hydrauliques
  • Les premiers hauts-fourneaux, chauffés au bois, s’édifient dans le voisinage des forêts.
  • Développement de l’armurerie qui s’explique par l’usage devenu général des armes à feu. Malines a, elle aussi, une fonderie de canons renommée.

Les besoins de luxe des classes riches exercent une influence sur les progrès de l’industrie.

  • La taille du diamant se pratique spécialement à Anvers
  • Les commandes de dentelles sont si nombreuses que les embaucheurs de Bruxelles, de Malines et de Bruges doivent recruter des servantes dans les villes et y provoquent une « crise des gens de maison » !
  • Les fabriques de tapis (Tournai, Audenarde, Bruxelles et Binche) se spécialisent dans divers genres artistiques : ameublement, tapisseries murales, etc.

Taille du diamant Tapisserie murale Dentelière
Taille du diamant Tapisserie murale 
Source : Bruxelles, où est le temps, p. 328
Dentelière 
Toile de Johannes Vermeer
Charles Quint et son empire