Les Belges, leur histoire ...

et celle de leur patrie, la Belgique

Aspects sociaux


La vieille industrie drapière des grandes villes de Flandre était morte :

  • A Ypres, un tiers de la population vivait dans les privations
  • Le petit peuple de Gand souffrait du renchérissement des denrées et de l’augmentation des impôts.

La dernière révolte …

La faction démocratique des Creesers profita de ce malaise économique pour fomenter un soulèvement en 1539. Elle déchira le « Calfvel » (vélin contenant les dures stipulations de la paix de Cadzant de 1492) et rendit à Gand son régime autonome, ses privilèges économiques et son domaine forain. Quelques autres villes rejoignirent le mouvement.

Marie de Hongrie n’eut aucune difficulté à rétablir l’ordre mais cela ne suffit pas à Charles Quint. Pendant quelques mois, il laissa les Creesers dans l’incertitude quant au sort qui leur serait réservé. Puis, brusquement, le 29 avril 1540, une sentence condamnant 26 des révoltés à la peine capitale vint arracher Gand à ses illusions. Le lendemain, la Concession Caroline :

  • Enleva à la ville ses moyens de défense
  • Réduisit le nombre de métiers de 53 à 21
  • Conféra au souverain la nomination des magistrats
  • Ordonna la construction d’une citadelle sur l’emplacement de l’ancienne abbaye Saint-Bavon
  • Imposa la confiscation de « Klokke Roeland », la grosse cloche qui sonnait le tocsin au sommet du beffroi de la ville

Concession caroline Klokke Roeland
La Concession caroline 
Source : Wikipedia 
Klokke Roeland  
Source : Nos Gloires, J-L Huens


Les grands soulèvements urbains des Pays-Bas appartiennent désormais au passé ...

Les classes sociales

Depuis l’époque des ducs de Bourgogne, la société avait considérablement évolué. La noblesse, le clergé, les grands bourgeois ainsi que les métiers avaient en partie perdu cette physionomie compartimentée qui leur donnait un aspect de castes. L’action politique du souverain et le nouveau régime de liberté économique avaient contribué à la transformation des anciennes classes sociales davantage orientées vers des intérêts communs.

La noblesse

Favorisée par les Habsbourg, elle avait reconquis son prestige. Les seigneurs, surtout les plus grands, étaient comblés d’honneurs, de pensions et faisaient de riches mariages avec des héritières bourguignonnes ou allemandes.

Mais, malgré son vernis d’urbanité emprunté aux modes italiennes, le grand seigneur belge était encore bien souvent grossier et sauvage.

La Cour

Marguerite d’Autriche et Marie de Hongrie aimaient s’entourer d’une foule de courtisans.

Lors de ses brefs séjours dans les provinces belges, Charles Quint savait gagner la sympathie de son peuple :

  • Il séduisait les érudits par ses connaissances étendues
  • Flattait les patriotes en leur parlant dans leur langue
  • Tournait habilement des compliments en l’honneur des dames de la Cour.

Bref, il était passé maître dans l’art de la communication !

La bourgeoisie

Cette dénomination englobait maintenant tous les membres de l’ordre Tiers. On y distinguait toutefois 3 classes :

  • La grande bourgeoisie: elle comprenait tous ceux que le « régime capitaliste » avait rapidement conduits à la fortune (drapiers, courtiers, maîtres de forges, armateurs, …). Cette classe de parvenus :
    • Se passionnait pour les questions de production et de change.
    • Elle jouait un rôle important dans les conseils municipaux
    • Organisait des fêtes fastueuses
    • Disputait à l’Eglise ses pouvoirs sur le terrain de l’enseignement et de la bienfaisance.
Tir au papegay
Tir au papegay 

Source : Wikipedia

Vanité, excès de table, dépenses exagérées, étaient quelques-uns de leurs défauts qu’ils partageaient d’ailleurs avec la noblesse.

  • Dans le monde de la haute bourgeoisie, une place spéciale était occupée par les richissimes négociants et banquiers de la Place d’Anvers. Leur rôle dans la politique internationale était considérable. C’est à eux que le souverain s’adressait pour financer ses guerres contre le roi de France. Leur centre de réunion était la Bourse.
  • La bourgeoisie moyenne  se cantonnait dans le commerce de détail, dans les petits métiers s’occupant de l’alimentation et du vêtement. Elle avait gardé en majeure partie son organisation corporative. C’était une classe pieuse, loyaliste et de mœurs honnêtes. Elle recherchait :
    • Les kermesses
    • Les concours de Serments où l’on abattait le papegay
    • Les processions, nommées ducasses dans le pays wallon.

Les classes déshéritées

La classe pauvre menait une existence difficile. La vie était devenue chère par suite de la diminution de la valeur des métaux précieux, brusquement introduits en trop grande quantité en Europe.

Le régime capitaliste sans contrôle favorisa l’exploitation des travailleurs. Dans les villes, les ouvriers compagnons, menacés par la transformation des ateliers corporatifs en manufactures, formèrent des mutualités, des confréries ou bourses communes, pour enrayer l’embauchage d’ouvriers non francs (aujourd’hui nous dirions des ouvriers non syndiqués).

Mais dans les campagnes, le prolétariat rural (ouvriers drapiers, moissonneurs, valets de ferme, …) constituait une masse avilie par des salaires infimes et ne disposait d’aucun moyen de résistance.

Charles Quint et son empire